Le gouvernement algérien appelle les citoyens à voter le 9 avril prochain pour élire le Président de la République.
En principe, à chaque fois que le peuple est invité à participer à des élections, c’est la démocratie qui s’exprime. Mais dans la réalité, cela n’est vrai que lorsque les candidatures peuvent se manifester librement et sans entraves, lorsque les campagnes électorales sont équitables, lorsque l’administration est neutre et lorsque les scrutins sont libres et transparents.
Or en Algérie, aucune de ces conditions n’est réunie.
Après deux mandats de 5 ans chacun, le chef de l’Etat actuel, M. Bouteflika, est candidat à sa propre succession et il est certain, sauf événement exceptionnel, d’être reconduit dans ses fonctions. Cela est prévu, programmé, décidé. En Algérie, on ne gagne pas les élections dans les urnes mais parce qu’on est le candidat du «système». Et pour maintenir M. Bouteflika au pouvoir, le régime n’a pas hésité à supprimer à la sauvette en novembre dernier, la limitation du nombre de mandats présidentiels prévu dans la Constitution. M. Bouteflika peut donc gouverner jusqu’à la fin de ses jours, rejoignant ainsi le clan de ses frères arabes, présidents à vie : Ben Ali en Tunisie, Kadhafi en Libye, Moubarak en Egypte, Assad en Syrie, etc.
Le 9 avril prochain, il n’y aura donc pas de scrutin, mais une formalité électorale tout juste destinée à donner des apparences de normalité dans ce pays. Pendant ce temps, le peuple subit un régime dictatorial qui s’approprie les richesses du pays et qui gouverne par la force, la terreur et la corruption.
Les Amazighs d’Algérie et les Kabyles en particulier, sont les premières victimes de ce pouvoir car ils ne cessent de dénoncer ses injustices, son mépris, ses violences meurtrières et ses violations des droits humains. Les assassinats de Lounes Matoub en 1998 et des 126 personnes tuées par les gendarmes au printemps 2001 en Kabylie, sont toujours couverts par l’impunité, le chef de l’Etat répète à l’envie que «jamais Tamazight ne sera langue officielle» et le gouvernement arabonationaliste poursuit avec force et obstination sa stratégie d’anéantissement de l’identité amazighe au profit de l’arabo-islamisme. En Algérie comme dans les autres Etats d’Afrique du Nord, il y a un réel génocide culturel contre le peuple amazigh.
Dans ce contexte, voter le 9 avril prochain, c’est cautionner ce pouvoir et ses fondements anti-démocratiques. Au contraire, rejeter cette «élection», c’est faire acte de patriotisme, c’est opter pour l’état de droit et exprimer haut et fort notre refus de ce système totalitaire.
Mais les Amazighs d’Algérie ne doivent pas se limiter uniquement à une attitude de résistance passive. Après près d’un demi-siècle de mise à l’écart et d’oppression, ils doivent, après un débat large et serein, s’offrir de nouvelles alternatives, dans le cadre du droit des peuples de disposer d’eux-mêmes, conformément au droit international. Ainsi et par exemple, la Déclaration des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones ouvre aux Amazighs, des perspectives pertinentes et salutaires, notamment dans ses articles 4 et 5 qui stipulent respectivement que «les peuples autochtones, dans l’exercice de leur droit à l’autodétermination, ont le droit d’être autonomes et de s’administrer eux-mêmes pour tout ce qui touche à leurs affaires intérieures et locales, ainsi que de disposer des moyens de financer leurs activités autonomes» (art.4), et «les peuples autochtones ont le droit de maintenir et de renforcer leurs institutions politiques, juridiques, économiques, sociales et culturelles distinctes, tout en conservant le droit, si tel est leur choix, de participer pleinement à la vie politique, économique, sociale et culturelle de l’État» (art.5).
Face à un pouvoir arrogant et fermé au dialogue sincère et constructif, les Amazighs n’ont pas d’autre choix que celui de s’affirmer et de revendiquer fermement leur droit fondamental à l’existence en tant que peuple à part entière. Leur survie en dépend.
Liberté, dignité, justice pour le peuple Amazigh.
P/le CMA
B. Lounes, Président
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