écrit par :Nathalie BLANC
Dans l’imaginaire occidental, les Touaregs sont toujours associés au Désert du Sahara même si aujourd’hui la plupart d’entre eux vivent dans des régions sahéliennes. “Hommes bleus” et “désert” alimentent autant les rêves de ceux qui voyagent dans leur tête, que les caisses des marchands de rêves. Certains rêves se concrétisent...
Les écrits et témoignages ramenés par les premiers Européens qui ont traversé le pays touareg, ont contribué à la naissance de cette fascination qu’éprouvent les occidentaux pour les “hommes bleus du désert”. Mais si les Touaregs fascinent par la manière dont ils arrivent à s’adapter à un environnement difficile, le désert, et celui du Sahara en particulier, exerce lui aussi un charme puissant, au sens magique du terme.
Le Sahara fascine d’abord par son étendue. Le touriste, venu d’Europe le plus souvent, se sent enfin “seul au monde”, face à lui-même. Le calme, voire le silence, qui règne sur ce monde minéral incite également à l’intériorité cet homme venu d’une civilisation de “bruit et de fureur”. Isolé entre sable et roche, ne disposant matériellement que du minimum, il découvre une autre dimension de la vie. Il s’émerveille d’une trace d’insecte ou de la moindre touffe d’herbe comme autant de miracles. Ce n’est pas un hasard si les religions monothéistes sont nées dans le désert. Si démuni dans ce nouvel univers, le citadin voit son orgueil et ses certitudes fortement éprouvés.
Cette quête de l’absolu, cette recherche de la vérité d’être, tendent à se propager dans les pays riches, où “l’être” a souvent cédé le pas à “l’avoir”. Le désert, lieu de ressourcement, agit alors comme une drogue, remède contre les agressions des sociétés industrialisées. En effet, de nombreux touristes deviennent des habitués du séjour saharien et désirent pousser plus loin l’expérience humaine par l’approche des populations touarègues. Ils tentent ainsi, par la découverte d’une culture (mode de vie, valeurs différentes des leurs), de mieux appréhender le sens de leur propre vie.
Le tourisme saharien a pris un essor sans précédent au cours des années 80, surtout dans le sud de l’Algérie (Hoggar et Ajjer) et le nord du Niger (Aïr). Longtemps réservé à une clientèle aisée, il s’est beaucoup démocratisé. Il offre une particularité parmi les milliers de propositions du marché, à l’instar de tout voyage “à investissement personnel”, physique ou psychologique, celle de n’être accessible qu’en petit groupe et de combiner fréquemment la marche ou la méharée avec les étapes en 4/4. Histoire sans doute, et c’est louable, de favoriser l’aspect humain de ce voyage quasi initiatique. Les Touaregs, ou du moins certains d’entre eux, ont bénéficié de cette manne financière et les agences de voyage ont fleuri à Tamanghasset, Djanet, Agadez, Tombouctou, Gao, et Kidal, ainsi qu’en Libye ces dernières années, même s’il est vrai que les récents événements politiques n’ont guère encouragé le tourisme quand ils ne l’ont pas carrément empêché.
Mais le tourisme à grande échelle ne va pas sans risques et les touristes ne sont pas tous des modèles du genre. Les sites culturels “protégés” en tant que mémoire de l’humanité, qui offrent peintures et gravures rupestres, pointes de flèches et poteries..., pâtissent trop souvent de visiteurs indélicats. Certaines supportent mal les caresses répétées, le calque et autres manifestations d’admiration, les autres n’ont sans doute guère leur place dans les salons particuliers... ou il n’en restera bientôt plus dans leur région d’origine ! Mais les civilisations disparues ne sont pas seules à souffrir d’une certaine forme de tourisme.
Les populations des régions concernées sont déstabilisées par l’argent facile et la création brutale de besoins jusque là inconnus. Les rapports marchands ont parfois (souvent ?) remplacé les échanges humains. Ces populations sont parfois (souvent ?) l’objet d’une curiosité qui ressemble beaucoup à du voyeurisme. Des fêtes “traditionnelles” ont parfois été organisées spécialement pour satisfaire le besoin d’exotisme de certains. De même, des campements ont été implantés et entretenus en vue de “visites guidées”... Mais où est l’authenticité tant recherchée ?
Faire des copies pour préserver les originaux, comme pour les oeuvres d’art, est peut être une bonne idée, à condition toutefois que chacun en connaisse et accepte les conditions, ce qui pour l’instant ne semble guère le cas. La famille qui habite dans un tel campement ou qui s’exhibe en tenue d’apparat un jour ordinaire semble plutôt victime d’une sorte de “proxénétisme culturel” !
Dans l’intérêt de tous, de tels débordements doivent être jugulés. Le pragmatisme se trouve quelque part entre les positions des “anti-tourisme“ irréductibles et celles de tous ceux qui pensent que le salut des Touaregs ou du moins du Sahara passe le tourisme.
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