L’eau, la terre, l’air et le feu, et le « 5ème élément »
Comment émerger de cette fourmilière communautaire qu’est devenu notre monde, s’extraire de la ville, oublier le bruit, faire tomber la fièvre de l’agitation ; rentrer chez soi ou en soi, au campement, et retrouver des proches restés en retrait dans un coin paisible de campagne ou de pâturages, après avoir disputé sur les routes, dans les gares et les aéroports, des passages, des places et un peu de tranquillité pendant le voyage, avant d’atteindre le monde décalé pour un « reset » permettant de recommencer une nouvelle année avec de nouveaux projets?
Le feu et l’air
Certains font la virée inverse. Ce sont ces hordes de jeunes Chinois, ouvriers de ce monde, à peine empoussiérés par les aérosols du Sahara, pressés de rentrer chez eux en cette période de transition, après une difficile besogne à la recherche du feu en pays Touareg, dans un désert en trafic, aux caches de belle étoile ! Les officiers de contrôle des frontières de Niamey acceptaient, malgré la consigne, le départ de la Rép. Du Niger de Chinois aux passeports illisibles, à la langue incompréhensible, les obligeant d’être peu regardant en plus sur le poids des bagages. Peu importe qui est qui? Ils sont tous pareils, des Chinois, et ce monde le sera bientôt également, si ça n’est pas déjà fait… Ceux-là ne feront pas moins de quatre escales par le vol le moins cher, soit peut-être près de 48 heures de voyages à convertir en kilogramme de CO2 avant de rejoindre les aéroports de l’Empire d’air pollué.
D’autres quêteurs de feu coutumiers et accoutumés mettent à peine 5 heures pour atteindre Paname, la ville lumière et ses 30 ans déjà de vigilance d’Airparif.
L’eau et la terre
Là s’arrête la métaphore de la fourmilière, car plus en aval, cette dernière semble mieux organisée que notre monde actuel vieux de cinq siècles. Cette ruche qu’est devenu le monde avait pris un tournant depuis les conquêtes du 16ème siècle. Conquêtes, expropriation des terres, exploitation et spoliation des ressources naturelles, déplacement de l’homme du Sud et asservissement au travail au profit exclusif du grand violent et capricieux du Nord. La Tamazgha et Toumast connaissent cela depuis seulement un siècle et demi : colonisation, expropriation, installation. La même logique est toujours opérante encore, seuls changent l’objet de convoitise et les argumentations. Hier l’argent, l’or et l’encens, aujourd’hui le pétrole, l’uranium et le café ou le cacao, sachant que certains matériaux n’en ont plus que pour 50 ans d’existence maximum. Et que dire de l’eau, la même depuis l’âge de la terre ? Hier libre et gratuite, dont le lendemain ne dépend encore que de l’homo economicus et de la résistance que peut proclamer le peuple moins libre, les pauvres toujours plus nombreux, bâillonnés de plus en plus tous les jours.
Comment poursuivre la résistance qui naquit précisément au Nord, parmi les héritiers de ceux là même qui ont amorcé ce processus ? Ils ont aussi expérimenté les déficiences d’un système qui participe à la pauvreté, pire, la crée consciemment, et dont l’injustice morale envers les compatriotes est au moins proportionnelle aux richesses accumulées ? Voyons l’exemple de la résistance en France, d’une minorité (face aux nazis) naquirent la sécurité sociale, la retraite par répartition, la liberté de la presse…
Plus avant, dans le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Rousseau, le maestro de la révolution française, faisait de la création de la société civile (association de propriétaires) un acte d’appropriation :
"Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire : ceci est à moi et trouva des gens assez simples pour le croire fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreur n’eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : « gardez vous d’écouter cet imposteur, vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que le terre n’est à personne »".
Le cinquième élément
Les philosophes Grecs ont divisé l’univers en quatre éléments sacrés. Le cinquième, l’éther, la quintessence ou l’esprit (Akasha en sanskrit, dans la tradition indienne) s’est rajouté à mesure que s’élargit ou s’affine la connaissance de l’homme.
A vue et à force d’homme altruiste, seule l’idée et la pensée, en effet, viendront à bout, en dépit de la violence, de la marche désordonnée de ce monde ; profitons de ce temps d’accalmie relative dans le désert pour avancer, s’organiser. Mais avançons avec un motif d’indignation. Et vous avez là l’embarras du choix : la lutte contre la pauvreté, contre la faim, contre les injustices, contre la privatisation de l’eau, la lutte pour le respect des droits humains, la protection de l’environnement, la résistance à toute forme de fascisme, les projets de développement, le choix de la décroissance, le droit à la terre des sans terre, les droits des expropriés... Tous ces chemins mènent au monde décalé où, sans forcément vous y rendre, vous pourrez apercevoir des femmes et des hommes encore libres, à défaut de courageux veilleurs prêts à se mobiliser et à s’organiser.
Bonne année 2010 à toutes et à tous.
Le président de l'Internationale Touarègue
Les frontières politiques actuelles, héritées de la colonisation, ont artificiellement découpé le territoire touareg en plusieurs parties intégrées à cinq pays différents : l’Algérie, le Niger, le Mali, la Libye et le Burkina Faso. Le pays touareg se définit par une communauté culturelle qui noue ses liens identitaires autour d’une langue, et sur la base d’une organisation familiale, sociale et politique.
vendredi 22 janvier 2010
Voeux 2010
Publié par mouvement de la jeunesse touaregue pour la justice et le developpement à 21:03
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