Déclaration
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Libérons les militants amazighs libyens
Mazigh et Madghis BOUZAKHAR
Dans la nuit du 16 au 17 décembre 2010, Mazigh et Madghis Bouzakhar, deux frères et militants de la cause amazighe, ont été enlevés dans leur domicile à Tripoli par des éléments des services de sécurité libyenne. Deux jours plus tard, la police a investi à nouveau leur domicile pour confisquer tous les ouvrages et documentation qui s’y trouvaient
Nous tenons à dénoncer cet acte arbitraire et exigeons la libération de Mazigh et Madghis Bouzakhar
Après un apaisement de quelques années, la politique d’éradication de l’amazighité semble de nouveau prioritaire pour le régime libyen
En utilisant des méthodes d’un autre âge, la dictature libyenne pointe les militants amazighs et cherche à les annihiler. La cause amazighe en a vu d’autres et nous ne saurons taire ce qu’il faut appeler enlèvements
Nous appelons l’ensemble des militants du mouvement amazigh, à travers le monde, à se mobiliser pour dénoncer cet enlèvement et exiger la libération immédiate des deux militants
Nous assurons Mazigh et Madghis Bouzakhar de notre soutien et resterons mobilisés jusqu’à leur libération
Nous appelons également les organisations de droits de l’Homme, notamment en Afrique du Nord, à intervenir en faveur des deux militants et exiger leur libération
mouvement de la jeunesse touaregue
tombouctou azawad , le 23 décembre 2010
jeudi 23 décembre 2010
mouvement de la jeunesse touaregue demande la liberation des militants amazighs libyens Mazigh et Madghis BOUZAKHARATION
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lundi 20 décembre 2010
EXTRAIT D'UNE LETTRE ADRESSEE PAR MOHAMED ALI AG ATTAHER, AU NOM DES TOUAREGS DU MALI, AU ROI HASSAN II ET AU PEUPLE MAROCAIN
Nous, Touaregs du Mali, prenons la liberté d'en appeler au Royaume du Maroc et à la communauté internationale afin d'attirer leur attention sur la situation dans laquelle se trouve notre peuple aujourd'hui.
Nous tenons à souligner que notre démarche s'adresse, ici au Maroc, en la personne de Sa Majesté le Roi Hassan II, qui assume entre autres, lourds héritages, celui de toujours porter un " regard vigilant " sur le sort des populations du Sahara. Elle nous paraît devoir concerner également tous les hommes politiques ainsi que chaque citoyen marocain, quelles que soient leurs sensibilités ou leurs appartenances; tant il est vrai que notre histoire, notre culture, en somme notre background sont profondément enfouis au Maroc, (dans le sens historique du vocable Maroc).
Et le temps, et l'oubli, et le tracé arbitraire des frontières sont impuissants à effacer la réalité de l'effectivité des liens de sang, de l'identité de culture et des valeurs spirituelles de notre peuple avec celui du Maroc.
Nos traditions ne nous prédisposent pas particulièrement à lancer des appels au secours mais la nécessité nous impose de le faire au moment où notre peuple est à l'origine. Même quand nous lançons des appels au secours nous le faisons dans l'honneur et avec discernement.
C'est pourquoi notre premier réflexe est de nous tourner vers le prestigieux trône chérifien. Nous agissons aussi par fidélité et loyauté, car nous sommes convaincus que la disparition imminente, de notre peuple, serait également celle des " postes avancés " de la fabuleuse civilisation Maghrébine, aux portes de l'Afrique Subsaharienne.
Il est de même dans le Sud de la Mauritanie, où le devenir de cette civilisation est en jeu, les événements d'Avril 1989 en constituent la première alerte chaude.
Majesté, nous apprécions vivement vos talents d'homme politique de grande envergure et les rapports excellents qui vous lient avec les Etats sub-sahariens y compris avec ceux qui nous "ratissent".
Mais savez-vous seulement que ces états exterminent notre peuple pour ôter définitivement au Maroc tous griefs socio-historique, culturel et spirituel (tout ce, qu'identifie et incarne notre peuple) de nature à servir de support à ce que lesdits Etats appellent "les velléités expansionnistes du Maroc..."
L'extermination de notre peuple, débutée avec les indépendances et entretenues par une action souterraine depuis, par le Mali, est un élément constant de la politique du Mali, mais également du Niger contre les touaregs. Cette politique régulière repose sur un certain nombre d'arguments qui remontent plus ou moins loin dans le temps
- Ils n'ont jamais oublié la déclaration du résident-général Lyautey, alors au Maroc, qui lançait " ... le sultan est l'Imam couronné, souverain politique et religieux que tous les musulmans du Maghreb, jusqu'à Tombouctou regardent depuis toujours comme le seul vicaire de l'Islam sur la terre... " ;
- Ils reprennent toujours à leur compte les déclarations de la presse française, notamment l'illustration dans sa livraison du 24 février 1894 "... la prise de Tombouctou assurera l'avenir du continent noir... "
Pour prendre Tombouctou, les français en ont bouté dehors les Touaregs, pour garder Tombouctou le Mali extermine les Touaregs.
- Les régimes successifs au Mali, comme au Niger, n'oublieront jamais que le Sahara et ses populations ont depuis toujours vécu sous 1'allégeance des sultans de Marrakech et plus tard sous celle du Maroc.
- Que par-delà des obstacles constitués par les frontières héritées de la colonisation, les liens ombilicaux avec le Maroc sont demeuré réels dans le subconscient collectif de notre peuple.
- Ils sont, d'autant plus convaincus du sérieux de leurs craintes, que ces populations n'ont jamais renoncé historiquement à cette allégeance et â ces liens ombilicaux.
Majesté, le drame qui se joue dans cette poche du Sahara est hélas, réel, il n'aurait jamais dû se jouer et doit cesser. Le Grand Sahara est un et indivisible et fait partie intégrante du Maghreb et non de l'Afrique de l'Ouest.
Voilà déjà trente ans que notre peuple, par la voix de ses chefs traditionnels, qui ont su comprendre ce que signifiait l'indépendance pour les Touaregs au sein du Mali, tente vainement de réintégrer la mère patrie.
Alors même que d'autres sujets ont manifesté énergiquement leur volonté à rompre le lien ombilical, voire briser les liens fraternels du Maroc avec les Etats Maghrébins, tenir son image de marque à travers le monde, notre peuple n'aspire qu'à servir et ne demande que la protection de son identité et la mansuétude de Votre Majesté.
Dans cette partie du Sahara, il y a un trésor humain d'intelligence, de dévouement, de résolution, où le Maroc pourra puiser pour beaucoup de ses besoins. Si l'on permet à notre peuple de se relever, il est capable de constituer un rempart solide aux portes de l'Afrique Noire et garantir la stabilité du Sahara de Tombouctou à Marrakech.
Notre peuple traverse l'étape la plus cruciale de son existence des temps modernes, nous avons l'honneur et le devoir de faire remarquer à votre majesté que son attitude, face à notre drame, déterminera de manière substantielle l'avenir de notre peuple.
Le prestige politique rayonnant et la qualité des croyants, de votre Majesté sont autant de motifs d'espoir, qui confortent notre peuple dans son désir de voir votre Majesté, jouer le rôle de premier plan, pour l'aider à surmonter cette rude épreuve
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lundi 15 novembre 2010
La colonisation est le phénomène majeur de ce siècle qui a orienté le destin du peuple touareg vers ce qu’il est aujourd’hui
Auteur: Awily Ag Hamama Ansary
Les germes de la crise
L’histoire récente des Touaregs, comme celle de la plupart des peuples du tiers-monde, a été marquée par le contact avec l’homme européen. La colonisation est, en effet, le phénomène majeur de ce siècle qui a orienté le destin du peuple touareg vers ce qu’il est aujourd’hui.
Avant la colonisation, les Touaregs jouissaient d’un pouvoir politique et économique au Sahara et en Afrique Occidentale. Cette influence se traduisait notamment par le contrôle du commerce caravanier. Les liens avec les autres communautés ethniques se caractérisaient par une complémentarité entre pasteurs et cultivateurs. Les différents peuples s’estimaient, malgré les rivalités et les impulsions guerrières qui les animaient tous.
Le colonialisme a mené une politique qui a contribué, d’une part, à la détérioration des relations interethniques et, d’autre part, à la désagrégation des confédérations touarègues pour créer de multiples chefferies artificielles plus faciles à contrôler.
Au moment des indépendances, les Touaregs ne réalisèrent pas la portée des changements qu’ils venaient de subir. Le pays touareg se trouva ainsi morcelé et traversé par des frontières absurdes qui correspondaient uniquement, à l’époque, aux limites de compétences des différents officiers de l’administration coloniale.
Depuis les indépendances, les différents gouvernements qui se sont succédé au Mali et au Niger ont marginalisé ce peuple quand ils n’ont pas cherché, sciemment, à l’effacer.
La résistance...
Les Touaregs vivent ces politiques comme une discrimination ethnique et les ressentent parfois comme des tentatives de génocide. Les régions touarègues se sont vues refuser tout espoir de développement économique et d’épanouissement culturel.
Un climat de contestation / répression s’est instauré sans aucune volonté politique, de la part des autorités nigériennes et maliennes, de traiter cette situation par le dialogue.
Ces graves problèmes d’ordre politique s’ajoutent aux sécheresses dramatiques (1973, 1984) qui frappent régulièrement ces régions. Ces aléas climatiques ont fini par saper les bases traditionnelles de l’économie touarègue en décimant la presque totalité du cheptel. La grande sécheresse de 1973 a été utilisée comme arme pour en finir avec les Touaregs de façon définitive par les pouvoirs centraux : puits et vivres empoisonnés, aides internationales détournées, populations déplacées. Cela a conduit beaucoup de Touaregs à se sédentariser ou à s’établir, non sans problèmes, autour des centres urbains, voire à s’exiler. Ainsi plusieurs centaines de milliers de Touaregs nigériens et maliens ont fui vers la Libye et l’Algérie.
Au Mali
En 1963, une première insurrection touarègue contre le pouvoir central de Bamako, a été sévèrement réprimée par Modibo Keita, avec l’aide de Ben Bella, qui lui livra les responsables Touaregs réfugiés en Algérie. Cette répression avait déjà fait des milliers de morts dans l’indifférence générale, y compris de la France qui venait pourtant juste de "partir" de la région.
Les trente ans d’indépendances du Mali, jusqu’en 1990, ont été marqués par une absence de la communauté touarègue de la vie institutionnelle du pays. A tel point que les Touaregs étaient perçus par les autres Maliens comme des étrangers qui n’avaient qu’à retourner chez eux en... Algérie ou en Libye.
En 1990 craignant des massacres massifs, comme au Niger voisin, des groupes de jeunes Touaregs prennent les armes et entrent en résistance contre le pouvoir central malien. Par cet acte ils voulaient faire valoir leur droit à la citoyenneté et à la dignité.
Après plusieurs mois de guerre et de massacres, l’Algérie arrive à obtenir des deux parties la signature d’un accord de paix à Tamanrasset en janvier 1991. Mais cet accord n’aura aucune suite à cause de la précipitation dans laquelle il a été signé et surtout de la mauvaise volonté des autorités maliennes qui préféraient une solution militaire du conflit. La guerre continua et les massacres de civils Touaregs redoublèrent d’intensité.
Le massacre qui a le plus marqué la communauté touarègue est celui de Léré (Tombouctou) le 20 mai 1991, quand les militaires ont trié des dizaines de civils Touaregs et Maures sur le seul critère de la couleur de leur peau et les ont exécutés sur la place publique sans même vérifier leur identité. Leurs familles furent retenues en otages par l’armée pendant un an.
Le 11 avril 1992, un "Pacte National" censé mettre fin aux hostilités est signé, toujours sous la médiation algérienne. Ce pacte consacrait "un statut particulier" pour les trois régions du nord du Mali (Gao, Tombouctou et Kidal). La signature de cet accord ne mettra pourtant pas fin aux exactions contre les communautés touarègue et maure.
C’est ainsi que d’autres exécutions sommaires eurent lieu notamment à Gossi le 14 mai 1992, où 12 personnes travaillant pour "l’Aide de l’Église Norvégienne" ont été assassinées par des militaires. Le 17 mai 1992, à Foïta (frontière mauritanienne), 48 éleveurs ont été tués près d’un puits avec leurs animaux. Ces massacres ont eu comme autres conséquences la fuite vers la Mauritanie, l’Algérie et le Burkina Faso de plusieurs centaines de milliers de personnes qui ont dû abandonner maisons, biens et troupeaux... Toutes les grandes villes du Nord ont été vidées de leurs populations touarègues et maures.
Mais les réfugiés revenus au Mali, à la suite de la signature du "Pacte", n’ont pas tardé à repartir, effrayés par les confiscations arbitraires de leurs biens et troupeaux.
Le 12 juillet 1992, alors que les MFUA (Mouvements et Fronts Unifiés de l’Azawad) devaient rencontrer le nouveau président Alpha Oumar Konaré, des Touaregs victimes d’agressions et de pillages ont été obligés de se réfugier dans l’ambassade d’Algérie à Bamako.
Des brigades mixtes composées d’éléments de l’armée et de combattants du MFUA ont été créées pour maintenir l’ordre et ramener la confiance. Ces brigades ont, en fait, été utilisées beaucoup plus contre les groupes touaregs hostiles au Pacte que contre les militaires qui continuaient à terroriser les populations civiles.
A ce jour aucun responsable politique ou militaire n’a été poursuivi pour son rôle dans ce génocide.
Le processus dit "démocratique", avec l’avènement d’un nouveau régime, n’a pas eu l’effet escompté dans le sens de l’apaisement et de la paix.
En effet, les exactions n’ont jamais cessé et la réticence des autorités maliennes à appliquer le Pacte a fini par diviser la résistance touarègue, dont la grande majorité ne croit plus à la volonté politique du pouvoir central à régler ce conflit par la négociation.
Les combats ont repris à la suite du massacre d’une trentaine de Touaregs dans la région de Menaka le 21 avril 1994. Depuis, plus de 1000 civils Touaregs et Maures ont perdu la vie dans les différentes tueries organisées par l’armée malienne et ses milices parallèles. Depuis 1996 une accalmie relative s’est installée au Mali mais le problème touareg reste entier. Les accords signés ne sont toujours pas appliqués par l’État malien.
Enfin de l’année 2005, un colonelle Touareg a voulu parler sur le retard de tous ce qui a été signé dans les accords de Tamanrasset en janvier 1991. Au début de l’année 2006, des groupes de jeunes Touaregs prennent les armes et entrent en résistance contre le pouvoir central Malien. Par cet acte ils voulaient faire vouloir leurs droits à la citoyenneté et à la dignité.
Après quelques mois de manque de compréhension entre les deux parties, l’Algérie arrive à obtenir des deux parties la signature d’un autre accord de paix à la capital Algérien en avril 2006. Mais cet accord n’aura aucune suite à cause de la précipitation dans laquelle il a été signé et surtout de la mauvaise volonté des autorités Maliennes qui préféraient une solution militaire du conflit. La guerre politique et économique continua et le problème Touareg reste entier. En rappelant que les accords signés ne sont toujours pas appliqués par l’état Malien.
Quel avenir ?
La crise que connaissent les régions du nord du Mali et du Niger aujourd’hui résulte non seulement du caractère artificiel des frontières héritées de la colonisation, mais surtout de la politique désastreuse menée dans ces pays depuis les indépendances et qui a toujours refusé de considérer les Touaregs comme des citoyens à part entière.
Les pouvoirs claniques qui se sont succédé dans ces pays depuis les indépendances ont tous eu une coloration ethnique. Ceci s’est traduit, comme partout en Afrique, par la domination de certaines ethnies qui se sont accaparé l’appareil de l’État dont elles ont fait leur propriété.
Depuis des siècles, les ethnies qui composent aujourd’hui ces pays ont su cohabiter et gérer tant bien que mal leur complémentarité. Les responsables politiques ne se sont jamais souciés d’un quelconque intérêt général pour s’atteler à construire une unité basée sur les réalités locales. Ils se sont enfermés, au contraire, dans des idéologies inadaptées aux réalités africaines et dont l’erreur principale a été d’occulter la spécificité des États africains en voulant leur plaquer des schémas conçus pour des nations qui ont plusieurs siècles d’existence.
On oublie que ces pays sont encore à construire et que seule la volonté des différentes communautés qui les forment peut garantir leur stabilité et leur développement. Ces pays dont la viabilité économique est très loin d’être acquise, continuent à être sous la tutelle internationale de la France qui les maintient encore sous "perfusion économique".
Aujourd’hui, dans un contexte international difficile, le Peuple touareg s’interroge sur son devenir. Il est à la recherche d’une solution qui lui permette de surmonter les mutations de la société, de retrouver sa dignité et d’assurer son existence. En tant que communauté linguistique et culturelle, le Peuple touareg demande que lui soit reconnu le droit de vivre sur son territoire et de gérer son propre développement.
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jeudi 11 novembre 2010
FESTIVAL AU DÉSERT- COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Chers amis,
Au nom de la direction du Festival au Désert, et de son équipe, j’ai le plaisir de vous faire parvenir le premier communique de presse annonçant la prochaine édition du festival. Celle-ci se tiendra les 6, 7 et 8 Janvier 2011, à Tombouctou/Mali.
Compte tenu des questions, au sujet de la sécurité, dans la zone Sahélo-Saharienne, qui occupent bien des esprits et relayées par une certaine presse, nous avons jugé important d’apporter les réponses adéquates. Celles-ci dénotent l’importance de ce festival et les raisons pour lesquelles, il ne constitue en aucun cas une menace pour les nombreux participants qui s’inscrivent, et dont le nombre s’accroît graduellement chaque jour.
Nous vous serions très reconnaissant si vous voulez bien diffuser ce communiqué de presse dans vos rédactions, auprès de vos amis, de vos partenaires et de vos collaborateurs médiatiques.
En vous remerciant pour votre attention et en restant à votre disposition pour toute question.
Très cordialement,
Intagrist El Ansari.
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Intagrist El Ansari
Chargé des Médias
Festival au Désert-Essakane
Tél : + 223 76 63 66 46
www.festival-au-desert.org
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Arrestation de Moussa Ag Acharatoumane et d’Aboubacrine Ag Fadil
Bonjour mes chers frères et sœurs Touareg et amis de la communauté. Ceci est mon premier message écrit depuis l’arrestation, le 1er Novembre 2010, à Tombouctou lors du Congrès de la Jeunesse du Nord de nos deux frères. Après plusieurs récherches infructueuses, je n’ai malheureusement pas pu obtenir tous les détails exactes concernant cette arrestation. Ceci dit, cette privation de leur liberté est liée à l’organisation de ce congrès ou échange d’idée. J’ai eu la compréhension que l’organisation de ce congrès aurait été perçue comme étant dangereuse à l’état de droit au sein de la République du Mali.
e n’ai malheureusement pas eu la chance de connaitre Aboubacrine Ag Fadil, mais je connais bien Moussa Ag Acharatoumane. Il est sans aucun doute l’un des Touareg les plus compétant et actif de notre génération. Sa présence dans les organismes onusiens que ce soit en Afrique, en Europe, ou en Amérique en atteste largement. Personnellement, j’ai eu à discuter, pendant de très longues heures, avec lui de sujets important tels que la situation de notre communauté. Moussa est de fait un atout pour notre génération et par ricochet pour notre communauté vu que nous sommes appelés dans les années à venir à être ses décideurs.
Partant de ce constat, je suis convaincu que sa libération (ainsi que celle d’Aboubacrine Ag Fadil) doit être le premier chantier que nous nous devons d'entreprendre. Je crois que nous avons tous critiqués les générations Touareg précédentes pour n’avoir pas pu offrir à notre communauté les opportunités et réalisations qui lui reviennent. Comme on le dit si souvent « chacun a son tour chez le coiffeur ». Mesdames et Messieurs notre tour c’est aujourd’hui. Mesdames et Messieurs notre tour il commence par une union sacrée autour de la réparation de cette défaillance judiciaire du Mali.
Nous avons tous chantés depuis belles lurettes l’importance de l’unité de notre communauté. Mesdames et Messieurs nous avons là la première occasion de mettre en pratique nos chants. Nous devons tous avoir un même objectif : la libération rapide de Moussa et d'Aboubacrine. Nous devons tous nous sentir responsable de leur sort. Comme je l’ai dit plus haut, je ne connais pas Aboubacrine, mais croyez moi si c’était un autre d’entre nous qui était injustement emprisonné, Moussa aurait fait bouger ses montagnes afin que cette personne recouvre sa liberté.
Par conséquent, je voudrais lancer un appel solennel a tous les jeunes Touareg du Mali et du Niger en leur demandant de s’abstenir de toute action, absolument toute action qui pourrait être préjudiciable au cas de nos deux frères. Je voudrais que tout un chacun comprenne que s’il ou elle n’entreprend pas une action qui pourra aboutir à leur libération, il ou elle se doit d'expressément éviter l’entreprise de tout act qui pourra rendre leur cas encore plus compliqué.
A l'instar de tout le monde, j’ai appris la création du MNA comme fruit du congrès qui a vu l’interpellation de Moussa et d’Aboubacrine. Ceci est l’unique information que j’ai concernant ce mouvement. Je voudrais demander à tous les membres et sympathisants de ce mouvement de séparer, ne ce serait ce que pour le moment, leur mouvement et les cas de Moussa et d’Aboubacrine. Qu’ils soient considérer comme membres ou sympathisant de ce mouvement, je crois, n’aide en aucun cas leur situation. Par conséquent, il serait important que nous participons tous à l’effort pour leur libération en tant que deux frères Touareg et non en tant que deux membres d’un quelconque mouvement.
S’il y a un point commun qui existe entre tous les grands chantiers entrepris par une partie ou toute la communauté Touareg que ce soit au Mali ou au Niger depuis la colonisation française, c’est l’amateurisme dans les actions prises. Aujourd’hui Dieu merci une partie très importante de la jeunesse a reçue une éducation moderne. A nous d’utiliser cette éducation à notre avantage quand et où il le faut. Cette utilisation effective et efficiente s’impose aujourd’hui.
Par conséquent, des frères Touareg et moi avons pensés à la création d’un Comité de Réflexion et d’Action composé d’une demi-douzaine de membres dont Assaleck Ag Tita (Président de Takrist), Ahiya Kourouza (ancien President de l’Association des Etudients Nigériens au Sénégal) et de moi-même Acheick Ag Mohamed (ancien Secrétaire General de la Confédération des Etudiants Etranger au Sénégal et Président de l’Association des Étudiants Africains à Indiana University) entre autres. Nous avons identifié la nécessitée de la création d’un tel comité dans la mesure où nous n’avons pas observer de réelles actions entreprises une dizaine de jours après leur arrestation. Ce comité nous est parru important vu notre conviction que seuls des acts murement réflechis pourront aboutir a une fin positive. A travers l’utilisation de moyens uniquement légaux nous souhaitons joindre nos efforts a ceux d’autres frères et sœurs afin d’aboutir a leur libération. Nous demandons à toutes les bonnes volontés de bien vouloir appuyer ce comité.
La première étape est d’encourager tous les frères et sœurs de bien vouloir signer la pétition suivante pour leur libération (http://lapetition.be/en-ligne/petition-8626.html) ; nous demandons également aux auteurs de cette pétition de bien vouloir nous contacter afin que nous puissions aussi utiliser ce moyen afin d’aboutir à notre objectif commun : la libération de Moussa Ag Acharatoumane et d’Aboubacrine Ag Fadil.
Merci
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dimanche 7 novembre 2010
MESSAGE A TOUTE LA JEUNESSE ET LEADERS POLITIQUES DE L'AZAWAD
Considérant la constitution malienne en son article premier disposant que la personne humaine est sacrée et inviolable ;
Considérant l’article 04 de la même constitution relatif à la liberté d’expression, de penser, de conscience, de religion, de culte, d’opinion, et de création dans le respect de la loi ;
Considérant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948 et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples du 27 juin 1981 ;
Considérant la Déclaration des Nations Unies des Droits des peuples autochtones en son article 03 stipulant que les peuples autochtones ont droit à l’autodétermination en vertu, de ce droit ils déterminent librement leur statut politique et assurent leur développement socio-économique social et culturel,
Au regard des dispositions des conventions internationales signées par le Mali,
Rappelant la diversité ethnique du Mali et la force que lui procure cette population cosmopolite et conscients de fait qu’à chaque fois que les régions Nord- Mali contestent la politique en place les autorités parlent des bandits armés ou de rébellion hors quand Sikasso et Kayes se lèvent elles parlent de révolution,
Rappelant l’appel qu’a lancé le Mouvement National de l’Azawad ; lors de sa déclaration fondatrice à Tombouctou ; à tous les jeunes du peuple de l’Azawad, sans regarder leur appartenance sociale, ethnique, et de couleur de pratiquer la voie de l’action politique et légale pour atteindre les objectifs qu’il s’fixé,
Nous jeunes membres du Mouvement National de l’Azawad, condamnons avec la dernière rigueur l’arrestation de nos deux frères par les autorités le 1er Novembre 2010 à Tombouctou. Et invitons par suite tous les jeunes du peuple de l’Azawad qui ils sont où qu’ils sont, à utiliser toutes les voies légales afin d’obtenir la libération de nos deux frères membres du mouvement incarcérés
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mardi 14 septembre 2010
III° FESTIVAL DU FILM AMAZIGHE DE LOS ANGELES DEDIE AUX TOUAREGUES
III° FESTIVAL DU FILM AMAZIGHE DE LOS ANGELES DEDIE AUX TOUAREGUES
L ‘ Institut Tazzla pour la Diversité Culturelle et sa présidente, Helene Hagan, ont le plaisir de vous annoncer la présentation de la troisième célébration du Festival du Film Amazighe de Los Angeles, qui est devenu un événement unique aux Etats-Unis. Cette année, le Festival rendra honneur à la composante Touarègue de la culture Amazighe, le samedi 30 octobre 2010 de 17 heures à 21 heures , au Théâtre
Barnsdall, 4800 Hollywood Blvd., Los Angeles, California, 90027. Le Festival, qui a été sponsorise à l’origine par la Fondation BMCE du Maroc, est financé cette année par le Département des Affaires Culturelles de la Cité de Los Angeles, L’Association Culturelle Amazighe des Etats-Unis (A.C.A.A) et la firme d’avocats Hagan de Palo Alto.
Cette année, le programme offre trois documentaires sur le peuple Touarègue: “Lost Art of the Sahara” (17 minutes, Bradshaw Foundation, Suisse, sur les pétroglyphes du Niger ), “Footsteps to Africa: a Nomadic Journey” (57 minutes , Touarègues du Nord du Mali, production Suisse) et “Asshak, Tales of the Sahara “ (110 minutes, participation de Touaregues du Nord du Niger, production Allemande).
Le Festival a invite l’artiste renommée Leslie Clark qui vit en grande partie au Niger de montrer ses tableaux et portraits de Touarègues d’une grande beauté. Melle Clark est la fondatrice d’une organisation philanthropique, Nomad Foundation, qui adresse les besoins médicaux et éducationnels des populations nomadiques du Nord du Niger (Waudabe et Touarègues). L’artiste bijoutier d’Agadez, Niger, Moussa Albaka, offrira une collection de ses bijoux d’argent finement exécutés.
Thé au Sahara: Un thé à la menthe , chaque année un grand succès, accompagne de bouchées sales et sucrées sera servi dans le patio par Chameau Inc. de Beverly Hills. Durant une intermission d’une demi-heure, après laquelle le programme reprendra avec un solo de guitare par Alhassane Fongounou (Tidawt, Niger) et le film principal “Asshak, Tales of the Sahara” un documentaire d’une très grande beauté
provenant d’Allemagne, tourné dans le Sahara au nord du Niger en Tamashek, avec sous-titres Anglais.
Nos invités d’honneur seront: Rachid Bouksim , Directeur du Festival du Film Amazigh d’Agadir, Maroc qui parlera du rôle de la femme dans la cinématographie Amazighe au Maroc; et Dr. Aomar Benslimane, président d’ACAA qui exprimera le soutien de cette organisation pour ce Festival. Helene Hagan remettra deux prix “Tazzla Awards” a deux participants du Festival.
La soirée prendra fin avec un concert d’une demi-heure des musiciens du Haut Atlas Marocain, Fatah Abou et Mohamed Aoualou, du groupe AZA de Santa Cruz.
Site du Festival : http://www.laaff.org
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dimanche 8 août 2010
Entretien avec ouzzin Aherdan
« Je suis fils d’une terre et d’un terroir amazighs par excellence » « Ma position est celle des amazighs de Libye »
Traduit de l’arabe par : MOHA MOUKHLIS
Question classique : qui est Ouzzin Aherdan ?
Ouzzin Aherdan : Je voudrais d’abord saluer fraternellement les responsables du site Oussan de Libye, des amis dont je suis fier, des militants exemplaires. Je salue également vos lecteurs et merci de m’avoir offert l’occasion de m’exprimer.
Ouzzin Aherdan est un amazigh du Moyen Atlas, né à Oulmès en 1948, sous la colonisation, au moment où les structures sociales et les conditions de vie étaient encore « naturelles ». De ce fait, je suis né sous la tente. Les conditions de mon enfance sont les mêmes que celles de mes grands parents. Avec l’avènement de l’indépendance, tous les aspects de la vie furent chamboulés. La première perte a affecté la tribu et son rôle central au niveau social. La tribu est toujours là mais vidé de son contenu structurel et de son impact direct sur la population. Et je me considère comme enfant de cette donne amazighe avec tous les changements qui l’ont touché. Mon parcours scolaire : scolarité chez les sœurs à Oulmès, l’académie militaire et Ecole des Cadres Supérieurs du Tourisme, du Marketing et de Gestion en Suisse.
Je suis toujours enfant de la terre, attaché à la terre et ne travaillant que sur ma terre Je sui paysan comme mes ancêtres et je me complet dans ce labeur. Ma terre et la source de vie pour moi et ma famille.
Question : Vous êtes né dans le contexte de la tribu amazighe, fils de Mahjoubi Aherdan, personnalité politique d’envergure, icône du mouvement national marocain d’une grande famille de notables respectés du Moyen Atlas…quelle spécificité vous confère ces données ?
Ouzzin Aherdan : Effectivement, je suis fils d’une terre et d’un terroir amazighs par excellence. Mon combat militant, riche et politique commencé très tôt. Mon père connu dans les milieux politiques fut le premier à s’être engagé pour l’amazighité au Maroc après l’indépendance et de manière officielle en 1957. Et je conseille à tout ceux qui s’intéressent à cette période de consulter l’important ouvrage de Jean et Simone Lacouture « La Maroc ». Dans cet ouvrage, la question amazighe a été posée à trois leaders politiques, après l’indépendance :
Allal El Fassi qui a répondu : « il n y a pas de problème avec l’amazighité, des écoles en langue amazighes seront ouverte dans les campagnes et la problématique sera résolue et vous n’entendrez plus de problème sur l’amazighité dans l’avenir du Maroc ;
Mehdi Ben Barka qui a répondu que le problème est lié au développement des campagnes et une fois nos projets de développements lancés moult problèmes seront résolus, y compris l’amazighité ;
Mahjoubi Aherdan qui a répondu qu’il n’ y a pas des Arabes et des Amazighes au Maroc, tous les marocains sont amazighs quant à l’origine et à l’identité. Certains ont été arabisés au niveau de la langue seulement, ni plus ni moins.
Ce fut la position de mon père depuis le début, de manière audacieuse et courageuse. Position qui expliques les animosités voire les haines qui s’en suivirent, de la part des milieux politiques à l’intérieur et à l’extérieur. Sans oublier les procès d’intention et les accusations de complot, de racisme et de séparatisme. L’histoire témoigne : nous sommes restés fidèles à nos principes et c’est l’autre qui est désormais convaincu de notre position et de la légitimité de notre discours.
Question : Ouzzin Aherdan a une riche expérience avec la mouvance amazighe, depuis les années soixante dix du XX ème siècle, il a travaillé avec les leaders du combat amazigh, il a vécu les étapes de la passion militante et celles de la fondation, faites de bonheur et de déception. Que retient votre mémoire ?
Ouzzin Aherdan : La revue AMAZIGH fut le premier commencement, en tant que première revue périodique amazighe édité en Afrique du nord. Ses promoteurs furent des intellectuels et des militants amazighs au Maroc : Feus Sedki Ali Azaykou et Mohamed Khair-Eddine. Ce fut une expérience exemplaire. Sauf que les détracteurs de l’amazighité et des Amazighs ne s’arrêtèrent qu’après son interdiction. La première version de la revue était en français et comportait des contributions intellectuelles et culturelles ainsi que des leçons de l’amazighe en caractères tifinaghes. La version en rabe a été programmée pour l’année d’après. La version amazighe fut programmée pour la troisième année. La version française fut éditée durant la première année, sans problèmes. A la publication de la version arabe, accessible à un large public de lecteurs arabisés qui s’informèrent sur le discours amazighe, l’interdiction tomba immédiatement. Nous fûmes arrêtés en 1982. Les incarcérations étaient aléatoires. J’ai écopé de onze jours de détention. D’autres moins d’une semaine. Feu Ali Azaykou écopera de deux ans de prison arbitrairement. Car l’affaire fut instrumentalisé et les autorités furent d’Ali Azaykou le bouc émissaire. Je ne me suis jamais tu.
Les crises alors se succédèrent. La situation politique se détériora. En 1982, notre arrestation provoqua une secousse. En 1983, le Gouvernement se retourna contre notre parti (Mouvement Populaire), en 1984, Aherdan eut un différent avec le Palais. Un putsch fut fomenté contre Aherdan, avec la bénédiction des autorités. De la plus Haute Autorité au Chioukh et Moqaddem. C’’est ainsi que de 1982 à 1994, nous vécûmes des complots politiques planifiés et notre objectif principal a été de rétablir la légitimité d’Aherdan. Nous y avons mobilisé toute notre énergie. En 1991, nous avons organisé, avec défi le congrès du parti Mouvement National Populaire. Après le congrès, nous avons repris le combat amazighe. Ce fut la revue TIFINAGH. Et pour l’histoire, je peux affirmer que l’équipe qui a lancée la revue TIFINAGH est celle, majoritairement, qui fut dernier la création du Congrès Mondial Amazigh.
Question : Parlons donc de ce tournant : après le combat en interne, vous vous êtes orientés vers le rayonnement externe (internationalisation de l’amazighité). Vous avez des relations personnelles et des liens solides au niveau régional et international : Algérie, Iles Canaries, Touaregs, Diaspora amazighe…Comment s’est opérée l’internationalisation ?
Ouzzin Aherdan : Je suis parmi les trois premières personnes qui se sont activés pour la création du Congrès Mondial Amazigh. L’idée était venue du Groupe de la revue TIFINAGH. Elle fut posée précisément par MM. Omar Louzi, Mouloud Lounaoussi (tous les deux membres de l’équipe TIFINAGH) et Hassan Id Belkacem à Genève, en marge de la rencontre sur les peuples autochtones. Par la suite, le rencontre de Douarnenez dédiée au cinéma amazigh. Une occasion qui nous a permis de rencontrer des amazighs de différentes contrées. Un comité de suivi du projet du congrès a été mis en place. Ce comité sera derrière l’organisation de la rencontre préparatoire de Saint Rome de Dolan. Le Congrès a ainsi vu le jour…
Question : vous ne semblez pas motivé pour parler des suites et des divisions. Tout le monde connaît les détails !
Ouzzin Aherdan : Non, je ne veux pas répéter ce que vous savez déjà. Il est triste que nous soyons la source de la perte de nos efforts et nos sacrifices. Nous avons atteint le seuil de 400 congressistes qui composent l’élite culturelle, intellectuelle et militante amazighe à travers le monde, lors du premier congrès aux Iles Canaries. Puis les choses se relâchent en raison de l’absence de maturité chez certains de nos frères amazighs, leur refus du choix démocratique et le respect du règlement interne de l’organisation. Le plus triste et que nos frères continuent à s’agiter dans le même cercle. Cependant, je reste optimiste. Je garde toujours des relations de respect et d’amitié avec tout le monde, même si je ne partage pas leur avis ou orientation.
Question : et vous avez créé l’Alliance Internationale pour Tamazgha.
Ouzzin Aherdan : Je n’aime pas prendre parti, tous les amazighs sont mes frères. Et la maturité s’acquiert pour tout militant sincère. Ce qui n’ont pas compris aujourd’hui, ils le feront demain. Et je peux d’affirmer que, modestement, j’ai réussi a réunir autour de la même amazighe, des militants amazighs de sensibilités différentes, voire opposées. J’entretiens de bons contacts avec les amazighs de la Diaspora, le mouvement amazigh, les mouvements politiques amazighs d’Algérie, des Iles Canaries et Touaregs. J’ai d’excellents contacts avec les amazighs de Libye avec lesquels nous avons fondé l’Alliance Internationale pour Tamazgha. Notre structure manque de moyens pour réaliser son ambitieux programme mais les contacts sont maintenus et la coordination avance et est prometteuse. Il est normal que nous profitions des échecs et des expériences passés. Notre congrès sera organisé prochainement.
Question : quel diagnostic faites-vous de l’amazighité dans la région et dans la Diaspora ?
Ouzzin Aherdan : La situation aux Iles Canaries est particulière. Le Guanche (variante de l’amazighe) n’est plus d’usage. La personnalité canarienne reste imprégnée de valeurs amazighes. Il existe une prise de conscience grandissante, avec une vision claire. C’est important même si e travail s’annonce ardu et nécessite des efforts. Outre nous devons leur apporter notre soutien. En fait, les canariens se considèrent amazighe et le revendique. C’est un acquis de taille pour le mouvement amazighe.
En Algérie, la situation est différente. Les Kabyles sont le moteur du combat amazighe mais ont besoin de renforcer leurs contacts avec les autres communautés amazighes d’Algérie qui, ne prennent pas d’initiatives pour établir des relations avec les amazighes de Kabyles. Sachant que l’Algérie est globalement amazighe (Chaouis, Mozabites, Aurésiens, Touaregs. ?..)
Dans l’émigration, nos frères Kabyles sont les plus actifs et les plus dynamiques. Dernièrement la jeunesse marocaine amazighe commence à se manifester. Des structures de coordinations sont créées. Cependant le combat reste limité. Il en est de même dans d’autres pays telle la Hollande, la Belgique, l’Espagne…
Mes relations avec les touaregs sont particulières. En 1994, des membres de la famille Ansai m’ont contacté pour visiter le Maroc. J’ai reçu la délégation qui a déclaré sa marocanité et disposer de documents historiques qui attestent leur allégeance aux Rois du Maroc durant des siècles. Ils manifestèrent leur désir d’en faire de même avec le Roi du Maroc. Je fus touché par leur déclaration. Un membre de la délégation est resté chez moi plus d’une année. Il s’agit de Mohamed HABAY. Les doléances étant « sensibles », je demandai un rendez-vous avec mon père pour consultation. Il réussi à nous organisez un rendez-vous avec le Ministre de l’Intérieur, Driss Basri. La délégation touarègue a pu transmettre, directement, aux autorités marocaines, son message. Et en raison de la « spécificité » de la question touarègue au niveau régional, les autorités marocaines restèrent réservées. Elles se limitèrent à un traitement de respect avec la délégation. Puis l’occasion du Congrès Mondial Amazigh se présenta et nos frères touaregs l’ont intégré. Je garde toujours des relations avec les majorités des symboles de la lutte de libération des touaregs.
Concernant la Libye, je dois affirmer mon optimisme quant au combat des amazighs de Libye dans l’émigration. Je respecte leur jeunesse. L’expérience militante amazighe libyenne est prometteuse. Je connais la Libye sur le plan politique et j’ai des relations avec le mouvement amazigh de Libye dont M. Sassi Dahmani qui a contribué à mes publications par des textes littéraire amazighs.
Je me suis, à plusieurs fois, rendu en Libye, dans le cadre d’une délégation de parlementaires marocains, à la fin des années 80. A Tripolis, je fis tout mon possible pour m’informer des amazighe de Libye. Mais les conditions de ma visite ne me permettaient pas d’être libre dans mes mouvements. Et mes rencontres, en Libye, avec des frères amazighs, sont dues au hasard. Je dus rester vigilant, d’autant que mon père, Mahjoubi Aherdan, a tenu face, de manière frontale, au Colonel Kadhafi, à plusieurs reprises, sur la question amazighe.
Question : Cela pour le passé, et qu’en est-il des tentatives du régime libyen pour vous contacter personnellement, ces dernières années ?
Ouzzin Aherdan: Au début de l’année 2006, des intermédiaires du régime libyen m’ont contacté pour une « rencontre d’échange sur l’amazighité » au niveau régional et international. J’ai refusé l’invitation car les amazighs de Libye n’ont pas été impliqués. C’est alors que le régime pris contact avec le Congrès Mondial Amazigh (CMA). Kadhafi a reçu le Président Lounès Belkacem en écartant les concernés : les amazighs de Libye. D’autres rencontres ont eu lieu entre le CMA et Seif Al Islam, fils de Kadhafi. Les résultats sont décevants.
En 2007, avant la rencontre des amazighs de Libye à Meknès, à laquelle j’ai participé, l’ambassadeur de Libye à Rabat m’a exprimé son souhait de me rencontrer de manière urgente. J’ai déclinée la requête, en raison du caractère « urgent » de la rencontre !
Je suis un homme de principe : tout dialogue doit impliquer tous les concernés. Ma position est celle des amazighs de Libye. Ils sont incontournables, objectivement. Je connais le régime libyen répressif ainsi que le caractère versatile et tyrannique de Kadhafi. C’est pourquoi j’ai tenu à être présent lors de la rencontre des amazighs de Libye aux Iles Canaries et je resterai solidaire avec eux et avec les causes légitimes du peuple libyen.
Question : revenons à la région et à la base de vos expériences, où se situe la sortie pour l’amazighité dans la région ?
Ouzzin Aherdan: Je pense que la politique reste la clef de toutes les questions. Il ne s’agit pas de politiser la culture ou la langue, ni les droits. Cependant, les solutions pour toutes ces problématiques sont tributaires de la décision politique. Et sans décision politique, d’une équité juridique et d’une protection constitutionnelle, les faits resteront suspendus.
Les hommes dotés d’une vision à long termes, amazighes ou détracteurs de l’amazighité, réalisent que l’amazighité dépassent les dimensions culturelle et linguistique. L’amazighité est un projet social a venir. A travers l’amazighité se pose les questions de modernité, de relativité, de citoyenneté, de démocratie, de démocratie locale, de décentralisation et de diversité…Ce qui me permet d’affirmer, qu’en plus des initiatives de la société civile, les canaux politiques doivent s’activer. Partis politiques, parlement, lois et décisions politiques, référendums qui rendent justice à notre réalité et octroi des droits à ceux qui en sont spoliés. Les choses avancent, lentement, mais sûrement. Il fut un temps ou les partis politiques (marocains) nous attaquaient en raison de notre position sur l’amazighité. Aujourd’hui, tous, à contre cœur pour certains il est vrai, se révisent. C’est leur problème. La réalité s’impose. Et la société civile amazighe doit rester vigilante et les générations futures doivent continuer la pression pour la valorisation de leurs revendications légitimes.
Question : un dernier mot !
Ouzzin Aherdan: Je vous demande d’intégrer, dans votre site, la version électronique de notre journal AGRAW AMAZIGH, pour qu’il puisse être consulté gratuitement. Merci. Tanemmirt.
Publié par mouvement de la jeunesse touaregue pour la justice et le developpement à 18:43 0 commentaires
vendredi 11 juin 2010
Les Touareg veulent des Etats Fédéraux
APRES LES COMPORTEMENTS NON
AVOUES , LE TRIBALISME ,LE REGIO
NALISME, LE MAK, VOICI UN AUTRE
DANGER QUI GUETTE NOTRE PAYS
A QUI LE TOUR IRREFLECHI
A ceux qui veulent comprendre ce qui se trame à nos frontières SUD. Une situation héritée de la période coloniale, savamment manipulée par les services secrets des pays qui défendent leurs intérêts stratégiques dans la région ( uranium et pétrole en tête)
Les Touareg veulent des Etats fédéraux au Mali et au Niger
La presse algérienne révèle que «Les circuits du Tassili du Hoggar sont interdits aux agences de tourisme de Tamanrasset… les services de sécurité ont reconduit manu militari des touristes et leurs accompagnateurs… Des touristes en bivouac ont été carrément embarqués à bord d’hélicoptère, débarqués à Tamanrasset, et abandonnés sans aucune explication.» (1)
En réalité, un vent de panique s’est emparé des autorités après une interception de communication de téléphones satellitaires concernant une «commande de kidnapping».
Ce qui devait arriver arriva. La persistance d’une insécurité chronique généralisée au Sahel a fini par remonter de nouveau au Sahara qui a déjà connu le retentissant épisode de février 2003 où 32 touristes avaient été enlevés entre Djanet et Illizi.
Comme on le craignait, le paiement de rançons a suscité toutes les convoitises et poussé à la tentation des chauffeurs guides des agences de voyages, qui avaient pour mission de livrer quelques touristes, contre de fortes sommes d’argent. Plusieurs arrestations ont suivi cette alerte.
L’engrenage qui risque de s’emballer est prévisible: l’insécurité va remonter encore plus au nord vers les zones pétrolières et poussera les autorités à militariser davantage tout le Sud algérien. Les Sahara mauritanien, marocain, tunisien et libyen ne seront pas non plus épargnés par ces nouveaux «rezzous», comme ce fut déjà le cas avec le kidnapping d’un couple d’autrichiens en Tunisie en février 2008, et d’espagnols en Mauritanie en novembre 2009.
Cette grave atteinte à l’activité économique prometteuse du tourisme saharien sonne comme un «sabotage caractérisé» du tout récent activisme algérien qui a provoqué en ce début d’année 2010 plusieurs réunions de coordination des états-majors diplomatiques, militaires et du renseignement, pour combattre le terrorisme et s'opposer à toute intervention étrangère.
C’est aussi une conséquence directe de la mauvaise perception et gestion politico-militaire du problème Touareg, qui dure depuis l’indépendance des Etats africains. L’invention récente du terrorisme d’Al Qaïda est utilisée comme un arbre qui cache la forêt de la rébellion touarègue qui n’a jamais cessé depuis le début du siècle contre le colonisateur et s’est poursuivie après les indépendances à cause d’un tracé frontalier arbitraire et contre nature. Encore un autre héritage colonial empoisonné.
Le message lancé continuellement par les Touaregs est pourtant simple. Comme le dit l’adage populaire: «nalâab ouala nahsad» (Soit je joue, soit je ne vous laisserai jamais jouer). Tant que le problème touareg ne sera pas résolu, aucun espace sahélo-saharien ne connaîtra la paix, la sécurité et la prospérité.
Pour éviter le pire, en tant que pays central et leader du Sahara, l’Algérie doit remettre les compteurs géopolitiques de la région à zéro, opérer un changement radical de la gestion du problème Touareg, et reconstruire ses relations avec tous les pays voisins du Maghreb et du Sahel sur de nouvelles fondations.
La géopolitique des populations du Sahel
Le Sahel est la bande semi désertique prolongeant le Sahara des cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) aux cinq Etats subsahariens: Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan. Ces pays du Sahel, créés de toutes pièces par la décolonisation sont considérés, en droit international, comme des États, mais n’ont jamais été des Nations.
Cet ensemble de cinq pays ne compte que 80 millions d’habitants en 2008 sur un espace de 7,323 millions de km2, soit moins de 11 habitants/km2. Cette densité est trois fois inférieure à la moyenne de l’Afrique (32 hab/km2), et cinq fois inférieure à la moyenne du Monde (49 hab/km2). Ce peuplement est encore très inégal selon l’occupation territoriale, avec une dominante du nomadisme, allant jusqu’à moins d’un hab/km2. (2)
De telles configurations de peuplement et de surfaces désertiques expliquent les difficultés de souveraineté et de gouvernance sur ces vastes territoires. Aucun des cinq Etats n’a ni la volonté, ni les moyens budgétaires et logistiques d’y déployer un maillage territorial permettant d’exercer l’administration et la sécurité. Il est donc inévitable que des groupes locaux ethniques, «héritiers légitimes» de leurs territoires, en prennent le contrôle, et se rebellent contre le pouvoir central.
L’exemple le plus significatif est celui du Mali. On distingue 23 ethnies réparties en cinq principaux groupes: mandingue (Bambara, Soninké, Malinké, Bozo), pulsar (Peul, Toucouleur), voltaïque (Bobo, Sénoufo, Minianka), saharien (Maure, Touareg) et Songhaï. Les 9/10 de la population, noirs sédentaires, se concentrent dans le sud du pays, le Mali utile en termes de potentialités agricoles. Mais deux tiers du territoire malien sont revendiqués par les Touaregs qui n’ont jamais accepté le pouvoir noir de Bamako.
Le Niger est un territoire tripolaire composé à l’ouest des Djerma-Shongaï, 22% de la population, au centre et à l’est des Haoussas, 56%, et au nord des Touaregs, environ 10% qui revendiquent les trois quart du territoire. Comme au Mali, la rébellion permanente des Touaregs atteste de la fragilité chronique de l’État nigérien.
Du caractère transfrontalier de nombreuses ethnies, à l’exemple de l’ethnie zaghawae transfrontalière entre le Tchad et le Soudan, il en résulte que les territoires des pays voisins sont utilisés comme lieux de replis lors des conflits. Ainsi, le Soudan a-t-il servi de lieu de repli pour des groupes rebelles du Tchad, comme le Tchad l’est pour des groupes du Soudan. Le Sahara algérien et libyen est utilisé comme lieu de repli par les rebelles touaregs du Niger et du Mali, qui considèrent aussi ces régions comme leur espace vital.
Avant la colonisation, il existait des frontières naturelles entre les populations blanches d’Afrique du Nord et les royaumes noirs sub-sahariens. Elles s’étendaient des fleuves Sénégal et Niger jusqu’au Lac Tchad. Le dogme intangible des frontières coloniales a bouleversé profondément les équilibres géo-démographiques du Sahel.
La réunion de l’OUA d’Addis Abeba en Mai 1963 et la conférence des chefs d’Etat du Caire en juillet 1964 ont entériné le statu quo des frontières issues de l’époque coloniale. En fait, ces frontières se substituèrent aux limites administratives établies par la France, lors de la création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), le 10 janvier 1957. (3)
«L’esprit qui a présidé à l’élaboration de l’OCRS dévoile une conception ethnique du territoire dont un des objectifs était de créer une barrière politique définissant une «chasse gardée française» susceptible d’éviter des contacts entre une Algérie qui avait engagé une guerre pour acquérir son indépendance et une Afrique noire traversée par l’opinion des leaders indépendantistes… Cette barrière ethnico-politique pouvait se dresser en jouant sur une série d’oppositions classiques telles que nomades et sédentaires, Touaregs/Arabes, Touaregs/populations noires et bien sûr Blancs/Noirs. À l’évidence, cette conception ethnico-territoriale, voire cette «arme ethnique» utilisée par les services français, ne pouvait qu’exacerber les relations interethniques déjà tendues.» (4)
La mystification coloniale du problème touareg
La France coloniale présente en Afrique noire, notamment au Sénégal depuis le 17è siècle, et en Afrique du Nord depuis l’invasion de l’Algérie en 1830, voulait faire la jonction de son empire colonial entre le Nord et le Sud, mais s’était heurtée à ces populations mystérieuses de nomades du Sahara surgissant de nulle part.
Après plusieurs missions de géographes explorateurs comme Henry Duveyrier (1840-1892), une première incursion militaire menée par le colonel Paul Flatters en 1881 dans le Hoggar fut massacrée par les Touaregs.
Il a ensuite fallu attendre 1902 et la fameuse bataille de Tit pour entamer le début de la conquête du Sahara. Les livres d’histoire citent souvent cette «glorieuse victoire de l’armée française», en prenant bien soin d’occulter qu’il n’y avait en fait qu’un seul français dans cette expédition, le lieutenant Cottenest alors que la centaine de combattants étaient tous des algériens Chaâmbas de la région de Ouargla, rivaux héréditaires des touaregs dans les rezzous. Ce fut le début d’une abondante littérature de mystification coloniale qui a toujours fait croire à une supériorité militaire française, une pacification du Sahara et à la soumission des Touaregs devenus «amis des français».
Pourtant, le Comte Henry-Marie de la Croix de Castries, explorateur et historien de l’Afrique du Nord où il fut affecté en 1873 aux Affaires indigènes, avouait son admiration de «la vie de ces grands chefs bédouins, si proche de celles des temps bibliques. Ce jeune lieutenant se sentait tout pénétré d’inspirations orientales «qui de cette vie arabe lui causa l’impression la plus profonde et la plus durable, de la foi sereine, active et méritoire de ces musulmans convaincus.»
Il relatait aussi la sévère leçon d’humilité que lui donnait l’exemple de ses cavaliers d’escorte, mettant pied à terre pour prier Dieu. «Je m’éloignai; j’aurais voulu rentrer sous terre! Je voyais les amples burnous s’incliner à la fois dans un geste superbe aux prostrations rituelles; j’entendais l’invocation: Allahou Akbar! Dieu est le plus grand! Et cet attribut de la divinité prenait dans mon esprit un sens que toutes les démonstrations métaphysiques des théodicées n’avaient jamais réussi à lui donner. J’étais en proie à un malaise indicible, fait de honte et de colère. Je sentais que dans ce moment de prière, ces cavaliers arabes, si serviles tout à l’heure, avaient conscience qu’ils reprenaient sur moi leur supériorité.» (5)
Le Sahara, présenté par les colons comme une frontière déserte infranchissable a en fait toujours été une zone peuplée, reliée par des pistes, des points d’eau et des oasis. Le chameau y était présent depuis l’Antiquité et les traces des nomades transsahariens remontent aux peintures rupestres. Les populations des rives nord et sud du Sahara n’ont jamais été séparées.
«L’installation du père De Foucauld à Tamanrasset ne relève pas seulement d’un souci mystique de solitude, mais de raisons proprement patriotiques et militaires. Le massif montagneux du Hoggar est le centre géographique de la vaste zone désertique qui s’étend du versant sud de l’Atlas, au nord, jusqu’aux bassins du Niger et du Tchad au sud, et de l’océan Atlantique à l’ouest; jusqu’à la Tripolitaine à l’est. Cette forteresse est au carrefour des pistes qui mènent aux ports méditerranéens l’or, l’ivoire, les esclaves importés d’Afrique noire. Les agiles Touaregs du Hoggar fondaient à l’improviste sur les lourds convois chargés de marchandises ou se faisaient grassement payer pour les protéger». (6)
Les cités touarègues de la boucle du fleuve Niger (Tombouctou, Gao, Agadez, Tahoua) ont été reliées depuis plusieurs siècles aux cités du grand Maghreb (Marrakech, Fez, Tlemcen, Tihert, Cirta, Ouargla, Biskra, Kairouan,…). Chaque année, les pèlerins transitaient par ces villes pour leur voyage à La Mecque, en passant par la Tripolitaine, le Fezzan, le Tibesti et l’Egypte. Au XVe siècle, la ville mythique Tombouctou comptait environ 100.000 habitants (30.000 aujourd’hui), dont 25.000 étudiants qui fréquentaient la célèbre université.
Une délégation touareg qui rencontra à Biskra le général de la Roque en 1890, lui confirmera l’étendue de leur territoire: «Partout où nous allons nous nous heurtons à vous… du Sud tunisien aux portes de Ghadamès,…au Nezfaoua et dans le Sahara jusqu’à Figuig, nous vous trouvons partout ; avec vous ces contrées là nous sont fermées et nous sommes comme murés chez nous.» (6) En cette fin de siècle, les Kel Ahagar et Kel Ajjer se retrouvent encerclés, privés de leurs débouchés au Sud comme au Nord.
Occultant et bafouant l’histoire millénaire des populations sahariennes, la France a tenté d’imposer au Sahara le triptyque colonial des 3 C défini par David Livingstone: Civilisation, Christianisme, Commerce. Mais malgré tous leurs efforts, Charles de Foucauld et les missionnaires chrétiens n’ont jamais réussi à évangéliser, ni franciser un seul homme bleu.
Dans sa lettre du 29 Mai 1909 à Henry de Castries, Foucauld écrivait avec un étrange mélange de naïveté et de mépris: «Je vais reprendre mon travail quotidien: apprivoisement des Touaregs, des Indigènes de toute race, en tâchant de leur donner un commencement d’éducation intellectuelle et morale… Tout cela pour amener, Dieu sait quand, peut-être dans des siècles, au christianisme. Tous les esprits sont faits pour la vérité, mais pour les Musulmans, c’est affaire de très longue haleine.» (5)
Même le tamasheq restera la langue dominante, tenant tête au français. Et à ce jour les pistes commerciales ancestrales restent toujours contrôlées par les touaregs.
La stratégie coloniale de diviser pour régner a complètement perturbé la perception géopolitique du problème touareg. En réalité, ce terme, devenu générique, englobe l’ensemble des tribus du Sahara et du Sahel qui parlent le tamasheq, de la même façon qu’on désigne par le terme arabe tous ceux qui parlent la langue arabe. Au fil des siècles et du nomadisme, le métissage tribal et l’assimilation culturelle ne permettent plus de distinguer touaregs et arabes, comme on le fait encore à tort entre les populations amazighophones et les berbères arabisés au Maghreb. Les Kountas, Berraber, Berrabich, Zenaga, Iguellad, Ansar, Chorfa, etc… d’origine arabo-berbères, qui nomadisaient des confins désertiques maghrébins jusqu’à Zinder, se sont au fil des siècles complètement fondus dans la culture touareg du désert (langue, mœurs, traditions, habillement, coutumes sociales et juridiques,…). Ils forment en réalité un seul peuple vivant en symbiose. (7)
Depuis les indépendances, on constate une sédentarisation forcée des touaregs en Algérie et Libye, une marginalisation au Niger et une discrimination au Mali avec une seule alternative: l’exil ou les armes. Pourtant, rien au Sahara ni au Sahel ne peut se faire sans le consentement de ces chevaliers du désert.
Les frontières sahélo-sahariennes «géométriques» entre les 10 Etats, en plein désert, ont-elles un sens? Elles ne sont qu’un fait accompli colonial, une contrainte exogène absurde, artificielle, handicapante. Le droit occidental colonial a imposé une «territorialité» en contradiction avec la nature de l’immensité de l’espace saharien et du mode vital et économique nomade et pastoral. Chez les populations nomades, la géographie politico-économique est mouvante selon la pluviométrie, les rapports de force tribaux et la liberté immuable de circuler. L’idée même d’une frontière fixe est un concept inexistant chez les peuples sahariens. En définitive, personne au Sahara n’a jamais considéré ces frontières théoriques et fictives. Ni les puissances coloniales, ni les Etats indépendants, ni les populations… ni les «nouveaux terroristes» (8)
Le problème touareg renvoie à la complexité géographique de l’espace saharien, aux enjeux humains et économiques du nomadisme. Il pousse à s’interroger sur une nouvelle perception du principe de souveraineté partagé sur des déserts. Comme il est hors de question de marginaliser ou d’exterminer les Touaregs, comme le furent tragiquement les Indiens d’Amérique, la question fondamentale est celle de définir leur intégration et leur rôle dans cet immense espace saharien partagé entre ces 10 Etats. Cette problématique dépasse largement le cadre défini par les Accords de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006, qui n’ont en fait jamais été appliqués.
Le morcellement de l’espace touareg voulu par le colonisateur et perpétué par les Etats indépendants doit être abandonné au profit d’une intégration civilisationnelle, géographique, linguistique de cet espace selon un double système d’Etats fédéraux et de zones franches. Des personnalités africaines ont déjà prôné une «déconstruction» de cet héritage colonial des «cadres territoriaux existants, par la remise en question des frontières convenues et la création simultanée d’espaces mouvants».
Les Touaregs veulent des Etats fédéraux
Dès les indépendances de 1960, après la création de l’OCRS, une alliance s’était nouée au Mali pour soutenir une partition territoriale du «Soudan français», afin d’éviter d’être gouvernés par des pouvoirs noirs.
Une des figures emblématiques de cette résistance au fait accompli colonial était Mohamed Ali ag At-Tahar (1904-1994), Aménokal des Kel Antessar. Il ressemblait en tous points à son père At-Tahar ag Al Mahdi, né vers 1868 et devenu Aménokal en 1914, que décrit de fort belle manière Paul Marty : «At Tahar est le type du grand, vigoureux et beau Targui. D’une magnifique prestance, d’une dignité souveraine, il fait le plus bel effet. Intelligent ouvert, sympathique, c’est un assez bon lettré arabe, encore qu’il soit beaucoup plus guerrier que taleb.» (7)
At-Tahar adopta une attitude pleine d’ambiguïté et de diplomatie avec les colonisateurs dans la région de Tombouctou. Ni soumis, ni rebelle, il avait pour souci de protéger sa tribu par une cohabitation et une collaboration tactique avec l’autorité coloniale. Il agissait comme Moussa Ag Amestane, Aménokal des Kel Ahaggar qui avait toujours fait planer cette confusion subtile entre soumission et alliance avec l’ordre colonial qui exaspérait le général Laperrine: «il s’agissait de remettre au point la soumission de Moussa faite à In Salah et de bien établir que c’était une soumission et non une alliance. Il fallait faire accepter par les tribus un léger impôt qui fut une marque tangible de cette soumission.» (Laperrine, 1913) (9)
Laperrine et ses adjoints avaient mis au point cette politique subtile d’affrontement avec les Touaregs: «Le Touareg obéira à la force; il y obéira comme l’Arabe, d’une façon parfaite, mais seulement quand il aura constaté qu’il ne peut faire autrement. Il faut donc lui prouver, lui montrer notre force.» (9)
Mohamed Ali ag At-Tahar grandit dans la lignée des révolutionnaires indépendantistes africains. Rebelle à l’autorité coloniale, il finit par léguer le Tabbel d’Aménokal à son frère, Mohamed Al Mahdi, né en 1923 et toujours en exercice à Bamako.
Mohamed Ali s’exila dès 1952 en Arabie Saoudite chez le roi Fayçal avec toute sa famille et ses domestiques. Puis il s’installa en Egypte chez Nasser qui lui offrit une épouse égyptienne. C’est au Caire qu’il se fit connaître de tous les révolutionnaires africains et arabes, notamment des leaders du FLN. Ensuite, il partit en Libye chez le roi Idriss, avant de s’installer au Maroc en 1960 chez le roi Mohamed V qu’il avait déjà rencontré en 1955 à son retour d’exil.
Alors qu’il était royalement reconnu et respecté, la puissance coloniale craignait que Mohamed Ali fédère toutes les tribus dans un «royaume touareg», et remette en cause la stratégie «d’indépendance dans l’interdépendance» conçue et mise en œuvre par les gaullistes et leurs réseaux de supplétifs de l’Armée Coloniale d’Afrique.
La proposition d’un Etat fédéral touareg au Sahara ayant été rejetée par la France, les Touaregs commencèrent à s’armer et se révolter dès 1961, moins d’un an après l’indépendance du Mali et du Niger. Une première insurrection eut lieu fin 1962, contre le gouvernement de Bamako de Modibo Keita. Les Touaregs n'eurent comme réponse qu'une sévère répression qui décima les tribus des Adrar des Iforas, d'où avait été lancé le mouvement.
Le tournant historique s’est joué en 1963 lorsque Modibo Keita réussit un coup de maître en poussant les duo algérien, Ben Bella-Boumediene, et marocain Hassan II-Oufkir à trahir les touaregs. Le 29 octobre 1963, Modibo joue un rôle d’arbitre dans la sortie du conflit frontalier de la «guerre des sables» qui opposait le Maroc à l’Algérie. Il réunit à Bamako Hassan II et Ben Bella en présence du négus Haïlé Sélassié d’Éthiopie et obtient des belligérants un cessez-le-feu immédiat.
En échange de sa médiation, et «sous la menace d’une généralisation des conflits frontaliers en Afrique», il demande et obtient l’arrestation et l’extradition des leaders touaregs exilés en Algérie et au Maroc.
C’est ainsi que Mohamed Ali Ag At Tahar est arrêté en 1963 par le général Mohamed Oufkir sur ordre du roi et livré au Mali qui le maintiendra en détention durant 12 ans, jusqu’à sa libération en 1975 par Moussa Traoré. Brisé, il retourna en exil au Maroc, chez Hassan II qui le prit en charge et le plaça dans une prison dorée pour le «neutraliser» jusqu’à sa mort en 1994.
De son côté, l’Algérie extrada deux chefs touaregs, Zaid ag Tahar ag Illi et Ilias Ag Ayuba, et un jeune messager Mohamed El Ansari, neveu de Mohamed Ali, envoyé spécialement du Maroc pour avertir Zaid et arrivé par malchance le jour même de son arrestation.
Zaid, Amenokal des Iforas de Kidal, s’était d’abord exilé à Tamanrasset puis à Ouargla. Ses disciples avaient déclenché une révolte en récupérant un stock d’armes que l’armée coloniale avait enterré à Silet (120kms au sud-est de Tamanrasset). Comme Mohamed Ali, Zaid s’était aussi désisté de sa chefferie au profit de son frère Intallah plus docile, toujours en exercice à Kidal.
Libéré lui aussi en 1975, Zaid mourut en 1998. Ilias Ag Ayuba, chef des Doushakis à Gao, tribus touaregs d’origine lointaine juive, avait suivi la rébellion de Zaid et l’avait rejoint à Tamanrasset puis Ouargla. Il vit toujours à Gao, alors que son frère Younès est installé à Tamanrasset où il a facilité l’insertion de nombreux membres de sa tribu. La répression de Modibo Keita aidés des virulents Songhaïs, qui a suivi ces arrestations, a été féroce, proche du génocide (tueries, massacres collectifs, abattage de cheptel, empoisonnement des puits, arrestations,…). Les régions du nord ont été décrétées zones militaires, tous les postes de fonctionnaires militarisés, et les touaregs écartés de toute fonction officielle. Après avoir nié la réalité et l’ampleur de cette dissidence, le gouvernement de Bamako annonce son écrasement complet en 1964.
Plusieurs exodes importants ont afflué vers les pays voisins essentiellement l'Algérie, mais aussi Libye et Mauritanie, dès l’indépendance, puis à chaque rébellion et lors des grandes sécheresses des décennies 70 et 80 et l'actuelle de 2010. La naissance du groupe musical malien Tinariwen en 1982 à Tamanrasset est intimement liée à cette situation d'exil et d'errance du peuple touareg. Il est l'émanation même de cette diaspora qu’il chante aux quatre coins du monde, en remplaçant le fusil par la guitare.
La trahison algéro-marocaine qui a soutenu le pouvoir de Bamako a profondément déçu et découragé les touaregs qui se sont exilés ou résignés à une résistance passive jusqu’à la nouvelle rébellion de 1990-1991 déclenchée par Iyad ag Ghali au Mali et Raïssa ag Boula et Mano Dayak au Niger.
L’Algérie, entrée elle-même dans une grave crise politique et sécuritaire, ne voulait surtout pas d’une nouvelle complication frontalière et s’activa à la conclusion rapide d’un cessez-le-feu et la conclusion d’accords d’intégration des touaregs dans l’administration de leurs territoires. Un accord fut signé à Tamanrasset le 6 janvier 1991. (10)
Mais une «main invisible» a décidé de défaire «immédiatement» l’appel à la sagesse et la pacification, et de poursuivre la marginalisation des touaregs. Dès le 8 janvier, le signataire de l’Accord, le Colonel Ousmane Coulibaly, Chef d'état-major général des armées, remplace au ministère de la défense le président Moussa Traoré, qui se fait ensuite renverser le 23 mars par un coup d’Etat du Lieutenant-Colonel Amadou Toumani Toure, à la tête d'un Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP).
Curieusement, le président algérien Chadli Bendjedid subira le «même processus», abandonnant le poste de ministre de la défense au général Khaled Nezzar en juin 1991, avant d’être «démissionné» en janvier 1992.
Le colonel Iyad ag Ghali a finalement été récupéré par Bamako et est actuellement ambassadeur du Mali en Arabie Saoudite, et «négociateur attitré» avec les preneurs d’otages maliens. Raïssa ag Boula, qui signa les accords de paix au Niger en avril 1994, participa à plusieurs gouvernements sous la présidence de Mamadou Tandja, qui vient d’être renversé par un coup d’Etat en février 2010.
Quant à Mano Dayak, il sera victime d’un mystérieux accident d’avion en décembre 1995.
Une nouvelle rébellion déclenchée par Ibrahim ag Bahanga en mai 2006, rejoint par Iyad ag Ghali et Hassan Fagaga, provoqua une nouvelle intervention du «pompier algérien» qui lui «intima l’ordre de rebrousser chemin alors que ses troupes étaient à 300 kms de Bamako». De nouveaux accords ont été laborieusement signés à Alger le 4 juillet 2006 avec la mise en place d’un Comité de suivi. (11)
Mais dès son retour à Bamako, le Général Kafougouna Koné, signataire des «accords de reddition d'Alger» selon la presse malienne, est convoqué par un groupe parlementaire et contraint de répondre aux interrogations des députés, en direct à la télévision. Il sera pris à partie sur la constitutionnalité du document et sur l'esprit de certaines de ses dispositions. Le cessez-le-feu ne fut pas respecté et plusieurs accrochages eurent lieu entre les rebelles et l'armée malienne. Bahanga fut aussi à l'origine de l'Alliance Touareg Niger-Mali fondée en juillet 2007. Finalement, aucune mesure n’a été mise en œuvre et tour à tour, les touaregs de l’Alliance Démocratique pour le Changement, puis l’Algérie se sont retirés de cet Accord, devenu caduc… depuis le rappel de l’ambassadeur algérien à Bamako, suite à l’affaire de la libération de l’agent de la DGSE Pierre Camatte, contre le paiement d’une rançon et la remise en liberté de terroristes algériens par ATT.
L’équation politique touareg ressurgit régulièrement aussi simple que dangereuse. Les touaregs du Mali et du Niger ne veulent pas porter atteinte à la souveraineté des Etats existants, mais revendiquent l’instauration d’Etats fédéraux avec une large autonomie, liés juridiquement à Bamako et Niamey, mais ouverts et intégrés humainement et économiquement au grand Maghreb, et à l'Algérie en particulier, comme ils l’ont toujours été avant, pendant et après la colonisation.
Les nouvelles générations de touaregs, sont prêts à lancer de nouvelles rébellions pour contrôler leurs territoires au nord du Mali et du Niger et contraindre Bamako et Niamey à négocier.
Les touaregs rappellent pertinemment qu’ils sont les seuls capables de sécuriser l’espace sahélo-saharien et garantir la stabilité de cette vaste zone tampon entre l’Afrique du nord et l’Afrique noire. A défaut, ils sont aussi capables de la maintenir dans l'état d'une zone interdite à hauts risques d’instabilité géopolitique et de sous-développement chronique.
Saâd Lounès
29-05-2010
(1) El Watan du 26-05-2010
(2) La géopolitique des populations du Sahel
(3) Histoire des frontières algériennes
(4) André Bourgeot (CNRS) - Sahara: Espace géostratégique et enjeux politiques
(5) Charles de Foucauld – Lettres à Henry de Castries (1850-1927) – Grasset, Paris 1938 - Préface de Jacques de Dampierre
(6) Georges Gorrée – Les Amitiés Sahariennes du Père de Foucauld – Arthaud, Paris, 1946. —
Dès son installation à Beni Abbès, «Foucauld a compris le rôle magnifique qu’il peut remplir au Sahara: conseiller le plus exactement possible les chefs qui ne se trouvent pas sur place. Officier français, il le demeurera jusqu’à sa mort, plaçant très haut l’honneur du pays qu’il incarnait aux yeux des populations sahariennes… le père Foucauld n’a jamais cessé un seul instant d’être officier explorateur; parce qu’il demeura près de quinze années consécutives au Sahara ; parce qu’il s’intéressa à tout ce qui touchait l’action de la France dans les territoires du Sud… Charles de Foucauld, moine missionnaire au Sahara, restera le modèle et le maître de tous les officiers des Affaires Indigènes des nations colonisatrices… En d’autres occasions, Foucauld ne se contente plus de renseigner, il donne lui-même des ordres, et ceux-ci sont exécutés sur le champ.» Pour le général Laperrine, «Charles de Foucauld demeure notre plus parfait instrument de pacification saharienne.»
Laperrine avait noté au bas du Rapport Officiel sur la mort de Foucauld : «l’assassinat du père de Foucauld doit se rattacher à la lettre trouvée à Agadès dans les papiers de Khaoussen et dans laquelle un européen (turc ou allemand) lui conseillait comme première mesure, avant de soulever les populations, de tuer ou prendre comme otage des européens connus comme ayant de l’influence sur les indigènes dévoués aux français.»
Lettre du 2/8/1915 de Charles de Foucauld à Laperrine: «Je mène ma vie ordinaire, dans un grand calme apparent, mais l’esprit étant au front avec vous, avec nos soldats. Après le Dictionnaire Touareg-Français abrégé et le Dictionnaire des Noms propres, voici le Dictionnaire Touareg-Français plus développé qui est terminé et prêt à être imprimé. Je viens de me mettre à la copie, pour l’impression, des poésies… cela me parait étrange, en des heures si graves, de passer une journée à copier des pièces de vers… Au cas où les lois de l’Eglise me permettraient de m’engager, ferais-je mieux de m’engager? Si oui, comment m’y prendre pour m’engager et être envoyé au front… Répondez-moi sans tarder; par ce même courrier, j’écris pour demander si l’Eglise autorise quelqu’un dans mon cas à s’engager.»– Lettres inédites au Général Laperrine, Pacificateur du Sahara – La Colombe, Paris, 1954. Préface de Georges Gorrée.
(7) Paul Marty - Etudes sur l’Islam et les tribus du Soudan, in Revue du Monde musulman dirigée par Louis Massignon – Ed Ernest Leroux – Paris – 1918-1919
(8) Kidal, 49ème wilaya d’Algérie
(9) Paul Pandolfi, Une correspondance saharienne, Lettres inédites du général Laperrine au commandant Cauvet (1902-1920), Karthala, Paris, 2006 —
Henry Laperrine (1860-1920), général de division, a été camarade de Charles de Foucauld au 4e Chasseurs d’Afrique en 1881. Après la mort de Foucauld (1/12/1916), la France coloniale craint l’embrasement du Sahara et Lyautey, ministre de la guerre, rappelle Laperrine du front franco-allemand pour reprendre en main la situation, dont les répercussions peuvent être d’une gravité incalculable pour l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire. En 2 ans, il pacifie le Sahara pour la seconde fois, puis meurt le 18/2/1920, après 16 jours d’agonie dans le désert du Tanezrouft où son avion s’est écrasé. Foucauld disait de Laperrine: «C’est lui qui a donné le Sahara à la France… et qui a réuni nos possessions d’Algérie et notre colonie du Soudan.»
(10) Accords de Tamanrasset de 1991
(11) Accords d’Alger de juillet 2006
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mercredi 12 mai 2010
Objet: Déclaration de démission du Congrès Mondial Amazigh
Je regrette d'informer l'opinion publique Amazighe que j'ai dû me retirer du bureau fédéral international de la diaspora du CMA. Ma décision a été prise après avoir examiné profondément les résultats accomplis par cette organisation et avoir eu des discussions ouvertes avec des amis dans le mouvement Amazigh. En effet, après des années de militantisme au sain du CMA je suis arrive à la conclusion que cette organisation a besoin de leaders charismatiques et très ambitieux pour atteindre des objectifs et des résultats substantiels en faveur de notre cause Amazighe.
Je vous expose ci-après quelques points que je juge importants et le que le CMA aurait géré autrement:
· Négligence des dossiers des réfugiés politiques Amazighs en Europe et l'absence de toute initiative visant à les soutenir auprès des états de l'Union européen.
· Le CMA n’a pas soutenu la dernière manifestation de nos frères Amazighs des iles canarie pour défendre leurs droits culturels et politiques. Rachid Raha et Farouja Moussaoui auraient due faire tout le possible pour assister aux manifestations et montrer notre entière solidarité envers les Amazighs des iles canaries sous occupation espagnole.
· Le silence que continue d’observer le CMA sur les injustices et les procès ridicules a l’encontre des détenus politiques Amazighs qui croupissent actuellement dans les prisons de la honte du régime totalitaire Marocain. Le seul crime commis par les détenus Amazigh au Maroc est d’avoir clamé d’être amazighs et défendre leur culture et leur identité.
· Régression des activités du CMA qui sont réduites à de simples déclarations de condamnation et de dénonciation des atteintes aux droit de l’homme en Afrique du Nord, et ce en de rares occasions.
· Le CMA n’a pas tenu une réunion du Conseil de la diaspora du CMA depuis le renouvellement de ses structures en octobre 30, 2008, à l’aéroport d'Alger en Algérie.
· Le CMA aurait dénoncé avec fermeture la détérioration des droit de l’homme et les interventions muscles et injuste dans les régions Amazighs lors des événements de Sidi Ifni, Tagejijt, Sefrou, etc. et défendre les droit des Amzighs devant les instances juridiques internationales.
· Le silence sur la répression du soulèvement civile en Kabylie et la séquestration des Marocains dans les camps de Tindouf par les généraux algériens qui persistent dans leur politique raciste à créer un état arabe étranger sur la terre de Tamazgha en Afrique du Nord
· Le CMA n’a pas donné de réponse a ma dernière initiation d’une pétition pour demander l’annulation de l’accord du statut avancé accordé par l’UE a l’état marocain car ce dernier n’a montre aucun respect pour les droits de l’homme au Maroc depuis la signature du présent accord en 2008.
Suites à ces éléments j’annonce à l’opinion publique ma démission du CMA dans sa structure actuelle.
J'invite également tous les autres militants d'examiner la charte et méthode actuelle de travail du CMA.
J’informe également tous les militants et activistes du mouvement Amazigh que je suis à leur disposition pour toute initiative visant à défendre la cause et l'identité amazighe.
Tanemmirt,
Rachid Moumni, membre du bureau fédéral de la diaspora, CMA
Président de l’association Tamaynut Section Belgique
Président de l’Association La paix/Afra
Publié par mouvement de la jeunesse touaregue pour la justice et le developpement à 20:57 0 commentaires
mohamed gaya:membre du bureau mondial du CMA paris
mohamed gaya
membre du bureau mondial du CMA paris
demandeur d'asil en france
écrivain,
association assirem de Ath douala
membre de la ligue des droits de l'homme.
Amennugh atan di tmura n tmazgha
1-le congrés mondial amazigh a eu lieu a tizi ouzou et non a l'airoport d'alger a gma rachid.
2- si on se refére aux programme de CMA qu'a fait cette structure depuis 1997 a ce jour.
Nous sommes des membres d'associations culturelles et militants de la cause, je crois,ça ne servira a rien cette démission. ce n'ai pas le moment de le faire maintenant a gma amazigh rachid, il faut organiser une réunion de travail pour ordre du jour ce genre de problèmes ;tout le monde le constate même les autres mouvement passent par lce genre de choses, et notre structure a eue son renouvellement ça fait quelques mois et tu le sais bien. je dois te rajouter que le militantisme éxiste seulement q' aux pays de tamazgha.
amennugh a gma amazal idhul
ilaq ad nmyaqal d atmaten
idawen llan ger-anegh
am yadawen n lhekkam i yettfen timura nnegh
deg tmura nnidhen i nettidir
ihi ala s tegmatt d tdukkli i nezmzr ad nebnu
ar tufat
saramegh ad nemyussan (se voir )
deg wussan n tegmat macci akka,
umennugh ghef tililit-nnegh d yizerfan i gh-yettwakksen
achhal d leqrun aya
Publié par mouvement de la jeunesse touaregue pour la justice et le developpement à 20:56 0 commentaires
Lettre ouverte au Président et au gouvernement provisoire de la République du Niger
Mesdames, messieurs les membres du gouvernement
Les évènements récents, combien prévisibles, vous ont menés à la tête de l’Etat du Niger, après une fin de règne entêtante du sortant ; pour notre part, nous ne retiendrons finalement de ce mandat que les gestes de son épilogue dans le nord du pays : décret de mise en garde et carte blanche à l’armée, emprisonnements arbitraires, exactions et exécutions de populations civiles et d’animaux, brûlage de campements nomades.
« L’Etat est sauvé, pas [encore] le peuple », pour reprendre le titre d’un journal international commentant la crise administrative, économique et sociale en Grèce.
Les Nations unies (dont le Niger, le Mali, le Burkina Faso, l’Algérie, la Libye sont membres), avec le concours des organisations des peuples autochtones du monde et après plus de trente années de débats, ont voté le 13 septembre 2007, la déclaration des droits des peuples autochtones, pendant que les conflits dans le nord Niger et Mali s’accentuaient.
L’Union africaine à travers sa commission des droits de l’homme a largement promu cette déclaration.
Dans son discours d’investiture, le président Obama disait « [qu’] il ne saurait y avoir de démocratie sans que soit affirmé le droit pour chaque individu de ne jamais avoir à renoncer à aucune partie de son identité ». Monsieur Obama est le symbole vivant de ce droit, cette certitude s’accompagne bien sûr du projet humain universel selon lequel les hommes naissent libres et égaux.
Monsieur le Président, mesdames, messieurs les membres du gouvernement,
La tâche et les responsabilités qui sont devant vous sont importantes. C'est une tâche de paix et de réconciliation. Ce sont des responsabilités politiques et démocratiques. Vous devez composer dans un délai très court. La règle désormais voudrait que cela se réalise sous un mode participatif, comme ces travaux pratiques effectués en équipe.
C'est pourquoi, en ces temps de commémorations d’indépendances, je souhaite attirer votre attention sur une injustice qui dure depuis le début de la colonisation. Je veux parler de l’injustice faite aux Touaregs privés de leurs droits politiques, territoriaux, sociaux, avec la déstructuration de leur société, la colonisation et l’occupation de leurs terres, la stigmatisation - héritée de la colonisation - de leur identité et de leur mode de vie nomade.
Permettez-moi, de vous remémorer rapidement les faits suivants : 1896 : pénétration coloniale en pays touareg / 1906 : capitulation des pôles politiques touareg / 1916 : insurrection générale dans l’Aïr, organisation de la résistance, occupation et surveillance des villes, affaiblissement de la population, confiscation des troupeaux, impôts et travail obligatoire, contrôle des mouvements / 1960 : division des touaregs entre 5 Etats / 1963 : insurrection et sanglantes représailles au Mali / 1990 : insurrection et sanglantes représailles au Mali et au Niger / 2006 et 2007 : insurrection et sanglantes représailles au Mali et au Niger.
La tâche de reconstruction est nécessairement immense ; mais une bonne partie de celle-ci est en réalité déjà étoffée par les Nations unies, l’Union européenne, l’Union africaine où des experts et vos représentants travaillent sur des rapports et des orientations globales. La déclaration des droits des peuples autochtones, au même titre que celle des droits de l’homme de 1948, doit être prise en compte. Certains Etats d’Amérique Latine, qui en ont fini avec les principes de guérillas, l’ont intégrée.
Le Niger doit aussi tirer un trait avec les conflits armés du nord pour amorcer son développement. Mais, pour cela, il doit non seulement réviser les textes fondamentaux, mais aussi changer de méthode. Car où sont passés les moyens financiers, quelles sont les réalisations durables?
Mesdames, Messieurs,
Une bonne partie du Niger, du Mali, le nord du Burkina Faso, les suds de l’Algérie et de la Libye, sont des zones de transition humaine et géographique entre le nord et le sud, une zone d’échange, un melting pot, un biome aux caractéristiques singulières. Ce territoire est identifié, connu, attribué, lié à une série de droits et de devoirs selon les règles territoriales touarègues qui ont permis de gérer et de rendre ces terres viables.
Mais la colonisation puis la période postcoloniale ont ignoré ou cherché à détruire ces droits pour fabriquer un peuple nomade fantasmé sans sol, ni ancrage. Cela n’existe pas.
Il faut rendre aux Touaregs leurs droits élémentaires sur leur territoire pour qu’ils puissent subsister comme les autres communautés au Niger et ailleurs.
Des organisations de la société civile requièrent l’intégration dans les textes fondamentaux de la république la déclaration des droits des peuples autochtones votée aux Nations unies le 13 septembre 2007.
Très respectueusement vôtre.
Le 10 mai 2010
Thomas FORTUNE
Président de l’internationale touarègue
Bordeaux, France
L’internationale touarègue est une organisation créée en 2008 dans le but de promouvoir la déclaration des peuples autochtones et que celle-ci serve de plateforme équilibrée d’accords pour ne plus générer de conflits dans le nord Niger et Mali. Son action porte surtout sur le plaidoyer et de plus en plus sur des projets de développement orientés et spécialisés « mode de vie nomade
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lundi 19 avril 2010
Touaregs: Chronique d'une mort annoncée
Rencontre avec Jean-Pierre Duclos Aprico, spécialiste des Berbères nomades
Touaregs: Chronique d'une mort annoncée
par Sabine Torres | dijOnscOpe | jeu 15 avr 10 | 08:40 Un Touareg parcourant le désert... Mano Dayak, leader de la résistance touareg dans les années 1990. Le désert au Niger... Réunion de Touaregs autour de Mano Dayak. Femme touareg. Combattants touaregs. Les Montagnes Bleues... Un puits dans le désert... Touaregs sédentaires au Niger. Réfugiés... Carte du Niger. Emplacements des tribus touaregs Carte des gisements d'uranium. Les parcours de Jean-Pierre Duclos-Aprico parmi les Touaregs. Couverture du dernier livre de Jean-Pierre Duclos-Aprico, "Touaregs, massacre à l'uranium". Jean-Pierre Duclos-Aprico.Partager sur :
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On les surnomme parfois les "hommes bleus", du fait de la couleur de leur chèche teinte avec de l'indigo, qui décolore sur leur peau. Mais que sait-on véritablement des Touaregs, ce peuple de Berbères nomades vivant notamment au Niger? Pétris d'honneur et de fierté malgré l'illettrisme et la pauvreté, les Touaregs vivent dans un ostracisme quotidien, condamnés à s'adapter ou à mourir. Et ce n'est pas le coup d'État perpétré par les militaires au Niger le 18 février 2010 (*1) qui devrait y changer grand chose selon Jean-Pierre Duclos Aprico, ancien conseiller du Ministre du commerce et de l'industrie...
Au Niger, une situation encore incertaine
Comme l'indique le journal nigérien Le Pays dans son édition numérique du mercredi 7 avril 2010 (voir lien ci-dessous), "la restauration de la démocratie est véritablement en marche au Niger. Comme promis, la junte a installé mercredi à Niamey le tout nouveau Conseil consultatif national". Et de poser la question fondamentale : "Mais, vu la faiblesse des hommes, quelle garantie que les vieux démons ne vont pas resurgir ?". Spécialiste de la question touareg, le côte-d'orien Jean-Pierre Duclos Aprico (*2) veut se montrer optimisme : "Les Touaregs saluent le coup d'État, espérant un changement de régime tout en sachant que leur sort est encore totalement indéterminé."
De fait, ces derniers n'ont jamais pardonné au président nigérien Mamadou Tandja d'avoir perpétré les premiers massacres contre les Touaregs dans les années 1990 : "Les Touaregs ont peut-être une chance aujourd'hui de se faire entendre autrement que pas les armes. Je pense qu'ils sont même prêts à pardonner aux militaires qui auraient participé au massacre et font désormais partie de la junte au pouvoir."
La tentation terroriste
Voilà en effet quinze ans que les Touaregs ont officiellement déposé leurs armes mais ne nous y trompons pas : "Ils sont prêts à y revenir si besoin car ils n'ont rien obtenu depuis !". Sans travail, sans éducation, la plupart des Touaregs vivent dans une situation de pauvreté extrême, au point que les sollicitations de groupes terroristes tel Al Qaïda trouvent échos parmi les jeunes hommes. "Aujourd'hui, Al Qaïda règne en maître au Niger, prévient Jean-Pierre Duclos Aprico. Le nord du Mali, le sud de l'Algérie, les bordures du Niger : aucune zone n'échappe à leur contrôle sur les trafics de drogue ou les enlèvements". Les anciens Touaregs sont également utiles pour les terroristes, qui profitent de leur expérience d'anciens combattants pour les envoyer patrouiller dans le désert.
Ces propos sont entérinés par le Dijonnais Régis Belleville, explorateur scientifique et spécialiste de la survie en milieu saharien : "Voilà plusieus années que je parcours le Sahara et vais à la rencontre des Touaregs. Force est de constater que depuis la mise en place des frontières qui les oblige à être sédentaires, ils vivent totalement en marge des sociétés civiles." L'orgueil légendaire de l'homme bleu semble bien relever désormais de l'imaginaire du touriste en mal d'exotisme. "Même si les Touaregs se comportent toujours comme des seigneurs pétris d'honneur, certains sont prêts à tout pour survivre, y compris à pactiser avec les trafiquants de drogue colombiens, qui les utilisent pour faire attérir des avions en plein désert." Si le gouvernement nigérien ne fait rien pour faciliter l'intégration des Touaregs, il semblerait que cette lente et inexorable marginalisation conduise tout simplement à leur disparition.
Un "massacre à l'uranium"
Problème majeur des Touaregs : la présence massive d'uranium dans le sol nigérien (voir la carte ci-jointe), qui fait du pays le troisième producteur mondial. Chine, France, États-Unis... Tous semblent donc avoir des intérêts évidents au Niger, sauf que les Touaregs n'en perçoivent jamais les retombées économiques. Selon Jean-Pierre Duclos Aprico, la France aurait soutenu le régime népotique de Tandja pour des raisons mercantiles évidentes. D'où le titre provocateur de son ouvrage : "Massacre à l'uranium". "Les Touaregs sont un peuple en souffrance, colonisé pour les ressources minières de leurs terres. Je n'ai pas peur de dire que le président Sarkozy a officiellement délivré un brevet de démocratie à Tandja (*3). Nous contribuons donc à maintenir ces régimes corrompus et je suis persuadé que la France a même vendu des armes au gouvernement nigérien pour massacrer les Touaregs..."
Sans aller aussi loin, Jean-Paul Benetière, conseiller financier du président de la République du Niger en 1988, collègue et ami de Jean-Pierre Duclos Aprico, reconnaît l'implication ou du moins, le silence tacite du gouvernement français dans cette affaire. Même constat de la part de Bernard Guibourt, alors patron de la Société Anonyme des Travaux d'Outre-Mer au Niger (SATOM). Tous trois mandatés par le gouvernement français, ils ont pu constater sur place l'influence de ces questions énergétiques sur les relations franco-nigériennes. "Colonisateurs, coopérants, nous autres Français sommes responsables de la marginalisation et de la destruction progressive de ce peuple", affirme Jean-Pierre Duclos Aprico. Et l'avenir ne présage rien de bon puisque les 4.000 tonnes d'uranium extrait pourraient passer à 8.000 tonnes d'ici 2013... "Alors que les Touaregs représentent près de 10% de la population nigérienne avec un million d'individus, ils ne bénéficient d'aucun avantage économique, social ou culturel."
La revanche des anciens esclaves sur leurs maîtres touaregs
Au-delà de ces considérations d'ordre économique, la réalité du racisme anti-touareg est une évidence au Niger : "Il s'agit bien d'une revanche du Noir sur le Blanc et les massacres perpétrés par l'armée dans les années 90 sont bel et bien une épuration ethnique. J'ai rencontré des Touaregs qui m'ont raconté qu'on faisait descendre les noirs des bus avant de massacrer les Touaregs...". Rappelons qu'au XIXe siècle, les Touaregs régnaient en maîtres sur le désert ; de rois, ils sont devenus quasi serviteurs puisque dans une ironique inversion sociologique, les anciens esclaves noirs ont pris le pouvoir sur les Touaregs alors blancs. "Aujourd'hui, la couleur de la peau n'a plus de signification ; d'ailleurs, si l'on étudie tout cela de près, on se rend compte que le sultan d'Agadez, celui qui rassemble l'ensemble des tribus de l'Ayr, a toujours été noir par tradition..."
Derrière le folklore touristique attribué aux Touaregs, se joue véritablement un combat pour survivre au quotidien. Jean-Pierre Duclos Aprico et ses collègues français se sont retrouvés dans le désert, certains ont partagé la vie des rebelles Touaregs dans les années 90, ont connu le chef rebelle Mano Dayak, leader de la résistance jusqu'à sa mort en 1995. Or peu de figures charismatiques s'élèvent aujourd'hui pour défendre la cause touareg. Tous les combattants dont déposé leurs armes sans trouver l'équilibre politique permettant de maintenir l'unité entre les différents groupes touaregs. Leurs revendications aujourd'hui? Participer au moins aux retombées financières de la vente d'uranium extrait de leurs sols.
(*1) En août 2009, à cinq mois de la fin de son mandat, le président du Niger, Mamadou Tandja, organisait un référendum permettant de faire passer de deux à trois mandats présidentiels la limite permise par la constitution et de rallonger son propre mandat de trois ans... La Cour constitutionnelle ayant émis un avis défavorable, ce dernier prenait la décision de dissoudre le parlement. Le 18 février 2010, les militaires nigériens menaient un coup d'État au palais présidentiel, en plein conseil des ministres, où ils faisaient prisonniers le président ainsi que quelques uns de ses ministres (ces derniers ont été relâchés depuis, mis à part Mamadou Tandja).
Créant un Conseil suprême pour la restauration de la démocratie, la junte a nommé un nouveau chef de l'État, Salou Djibo (chef d'escadron), en attendant l'organisation de nouvelles élections. A ce jour, aucune date n'a été fixée mais les militaires ont assuré qu’aucun membre du Conseil suprême ou du gouvernement de transition ne seraient candidat à ces élections. Depuis, des opposants à l'ex-président exilés à l'étranger depuis plusieurs mois ont pu rentrer au pays : Hama Amadou, l'ancien Premier ministre, et Mahamane Ousmane, l'ex-président du Parlement.
(*2) De 1988 à 1992, Jean-Pierre Duclos Aprico a vécu à Niamey au Niger, où il était conseiller du Ministre du Commerce et de l'Industrie, mandaté par le ministère de la Coopération française. Dès son arrivée, il partage une amitié profonde avec Mano Dayak, leader de la résistance touareg des années 1990 dans l’Ayr, décédé dans un accident d'avion en 1995, quelques semaines avant la mise en place d'un accord de paix entre les Touaregs et le gouvernement nigérien. Dans son ouvrage "Massacre à l'uranium", publiée aux Éditions Dualpha en 2009, il évoque sa passion pour le monde Touareg et revient sur l'histoire et les révoltes de ces hommes, qui "luttent pour leur survie et la sauvegarde de leur identité."
(*3) Lors d'une visite au Niger le 27 mars 2009 (voir vidéo ci-dessous), Nicolas Sarkozy a déclaré : "Je voudrais dire deux ou trois choses. La première, c’est que depuis moins de cinquante ans que le Niger est indépendant, y a eu cinq Républiques, plusieurs coups d’Etat, un Président assassiné. Je ne le dis pas pour les journalistes du Niger, je le dis pour les journalistes français qui ne sont pas tous avertis sur cette question. En quarante-neuf ans, la seule période de démocratie et de stabilité, c’est celle des deux mandats du Président Mamadou Tandja." (source : Canard Enchaîné -avril 2009).
Publié par mouvement de la jeunesse touaregue pour la justice et le developpement à 18:47 0 commentaires