Mohamed Ag Amano
Rien n’est plus évocateur des fascinantes étendues du Sahara que la musique de Tartit, un groupe Touareg composé de cinq femmes et quatre hommes vivant dans la région de Tombouctou. Tartit joue une musique hypnotique, quasi envoûtante, qui transporte dans l'univers mystique, sensuel et festif du quotidien Touareg ou plutôt Kel Tamachek comme ils préfèrent se nommer eux-mêmes. Les femmes, assises, chantent et jouent des rythmes “cycliques” sur leurs tambours, tandis que les hommes chantent et jouent d’instruments à cordes, acoustiques et électriques.
Les hommes sont voilés par le chèche traditionnel, les femmes ne le sont pas. La société Touareg, qui est la branche nomade du peuple berbère/amazigh, est l’une des seules en Afrique à permettre aux femmes de choisir leur mari et d’en divorcer. Les chants poétiques sont chargés d'une tradition millénaire transmise par les aggouten (équivalent du griot, issu d'une caste de forgerons et d'artisans). La musique accompagne les jours de fête, de Ramadan, les mariages, les baptêmes, les divorces aussi. Si les thèmes sont plus généralement l'amour, l'exil et les récits épiques, ils sont aussi chroniques de la vie quotidienne voire critiques sociales.
Trois types d'instruments sont utilisés : l'Imzad, vielle monocorde, autrefois réservée aux femmes nobles et le tindé, mortier de bois recouvert d'une peau de chèvre, jouée jadis par les seules femmes des tribus de serviteurs. Seul instrument joué par les hommes, le Tehardant est un luth à trois cordes, instrument du poète et du conteur qui se retrouve dans de nombreuses ethnies voisines.
C'est autour d'Amano ag Assa, aggouten - griot - authentique de la grande famille des Kel Antesssar de la région de Tombouctou (Mali), de Mama (Walet Amoumine), et de Disco (Fadimata Walett Oumar) que le groupe fut fondé, lors des soulèvements Touaregs contre le pouvoir central malien du début des années 90, dans le camp de réfugié de Bassikounou, en Mauritanie. Le groupe joua dans un premier temps, dans de petites villes proches du camp, leur situation de réfugiés sans-papiers ne leur permettant pas de jouer à Nouakchott, la capitale mauritanienne.
En 1995, avec l'appui du H.C.R. et du Centre Culturel français au Sénégal, le groupe se produit aux "Printemps des Cordes" à Dakar où il rencontre un grand succès. La même année, le groupe est invité par le festival "Voix de Femmes" à Liège, en Belgique. Depuis les accords de paix et le retour des réfugiés, le groupe est de retour au Mali et donne de nombreux concerts à l'étranger, jouissant de la normalisation de ses relations avec les autorités et de la reconnaissance de son peuple
Les frontières politiques actuelles, héritées de la colonisation, ont artificiellement découpé le territoire touareg en plusieurs parties intégrées à cinq pays différents : l’Algérie, le Niger, le Mali, la Libye et le Burkina Faso. Le pays touareg se définit par une communauté culturelle qui noue ses liens identitaires autour d’une langue, et sur la base d’une organisation familiale, sociale et politique.
vendredi 21 août 2009
Tartit (Mali):Chants populaires et sacrés des Touaregs
Publié par mouvement de la jeunesse touaregue pour la justice et le developpement à 21:17
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