Avec les changements politiques importants de ces dernières semaines au Niger, il est aujourd’hui temps de clarifier la situation des différents acteurs, en particulier en ce qui concerne le peuple touareg. L’ACP, l’Alliance pour la Consolidation de la Paix, c’est quoi, c’est qui ?
L’Alliance pour la Consolidation de la Paix est un cadre de concertation et de réflexion sur les mécanismes qui permettront d’ancrer la paix au Niger en général et dans sa partie septentrionale en particulier.
Cette alliance est née de la volonté affirmée des mouvements et fronts de l’ex résistance armée (MNJ, FPN, FFR) en vue de créer les conditions idoines d’une paix durable et définitive dans notre pays.
La gestion de la paix est un processus qui nécessite une vigilance accrue, mais surtout une implication ferme de tous les acteurs.
Avez-vous des objectifs précis ?
Je peux résumer ces objectifs en quelques points :
1-Répondre aux exigences pressantes des différents partenaires du Niger qui œuvrent dans le domaine de la paix.
2-Bannir définitivement le recours aux armes comme moyen de revendications, aussi légitimes que peuvent en être les raisons.
3-Parachever le désarmement des groupes individuels, le déminage et la récupération des engins dangereux.
4-Corriger les insuffisances de la mauvaise gestion des fonds destinés à la démobilisation des combattants
5-Dégager des perspectives d’avenir, qui permettront de déboucher sur un débat national portant sur la résurgence des rébellions dans notre pays.
Quelles sont les missions que l’ACP se donne ?
Nous avons un ambitieux programme de travail qui reflète les aspirations que nous avons pour l’Alliance. Ce programme a déjà connu un début d’exécution selon une démarche inclusive.
1-Il s’agit d’abord pour l’Alliance d’engager une large campagne de prises de contact et d’explications à l’endroit de tous les partenaires , notamment les autorités politiques et militaires de la transition, les partenaires techniques et financiers, les structures de la société civile oeuvrant dans le domaine de la prévention et gestion des conflits, les sociétés minières présentes dans la zone d’Agadez, les personnalités susceptibles d’apporter leurs expertises et/ou expériences dans l’édification d’une paix véritable.
L’objectif est d’aboutir rapidement à la mise en place d’un organe paritaire Alliance-Gouvernement qui pilotera les prochaines étapes de consolidation de la paix.
2-Il s’agit ensuite pour l’Alliance d’engager une large campagne de sensibilisation à l’endroit des combattants qui l’ont mandatés. Il faut de manière claire leur expliquer la feuille de route que l’Alliance compte mettre en œuvre avec le soutien de tous ses partenaires. Il est impératif de les mettre en confiance en vue de couper court aux tentations de reverser dans le banditisme résiduel ou les trafics en tous genres.
Il y a nécessité de procéder à un listing rapide des combattants victimes des insuffisances de la mauvaise gestion des fonds destinés à la démobilisation. Il y a lieu également, pour l’Alliance, de procéder à une campagne d’identification et de recensement des combattants encore détenteurs d’armes à feu en vue de leur désarmement définitif.
La mise en place d’un programme de déminage des zones théâtre du conflit est envisagée dans le moyen terme.
3-A moyen et long terme l’Alliance voudrait organiser deux forums.
a-Le premier se penchera sur les causes des résurgences des rébellions et autres trafics en tout genre et proposera des solutions préventives.
b-Le second forum, plus économique, réunira les partenaires techniques et financiers du Niger pour lever des fonds pour le financement des projets de développement dans la zone Nord.
L’Alliance se propose également de prospecter avec les sociétés minières exploitant les richesses du sous sol nigérien des possibilités de recrutement de combattants qualifiés en vue de leur réinsertion dans le tissu social. Une campagne à l’endroit de la diaspora nigérienne en vue de sa pleine implication dans ce processus est prévue également.
Avez-vous déjà eu des contacts avec les Autorités de la transition ?
La création de l’ACP est un cheminement tout à fait normal de l’approche responsable qu’a le chef d’Etat son Excellence Salou Djibo , son gouvernement et l’ex-résistance armée, dans le cadre de la consolidation de la paix au Niger. Juste après les évènements du 18 février, le Chef d’Etat a reçu les différents ex-Fronts et Mouvements pour leur affirmer son engagement pour la paix.
C’est ainsi que le 23 mars, nous avons convoqué l’Assemblée Générale constitutive de l’Alliance à l’issue de laquelle un bureau a été mis en place, ce qui nous a permis d’être reçus avec les égards que nous méritons par le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires Religieuses précisément le 25 mars, c’est à dire juste 2 jours après la création de l’Alliance.
Tout ça pour vous dire que le CSRD et le gouvernement de transition ne ménagent aucun effort pour faire de la paix une de leur priorité.
Mr AKOLI Bachir est juriste (Maîtrise en Droit privé)
Propos recueillis par Jacqueline Dupuis, Temoust
Les frontières politiques actuelles, héritées de la colonisation, ont artificiellement découpé le territoire touareg en plusieurs parties intégrées à cinq pays différents : l’Algérie, le Niger, le Mali, la Libye et le Burkina Faso. Le pays touareg se définit par une communauté culturelle qui noue ses liens identitaires autour d’une langue, et sur la base d’une organisation familiale, sociale et politique.
mardi 6 avril 2010
Entretien avec le Secrétaire Général de l’Alliance pour la Consolidation de la Paix (ACP), Mr Bachir Akoli
Publié par mouvement de la jeunesse touaregue pour la justice et le developpement à 18:33
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