Intervention du Président de l’Internationale Touarègue à la 7eme session de l’Instance Permanente des Nations Unies sur les questions autochtones
New York – 29 avril 2008
Merci Madame la Présidente,
Chers experts, membres de l’Instance Permanente,
Chers sœurs et frères autochtones,
Chers participants,
C’est un grand honneur pour nous de participer à cette 7ème session de l’Instance Permanente des Nations Unies sur les questions autochtones ;
C’est avec beaucoup d’émotion que nous nous retrouvons et échangeons les informations entre différentes délégations d’organisations autochtones ;
Et c’est avec solennité que je vous informe de la situation de populations touarègues au Mali et au Niger :
Depuis les indépendances en Afrique de l’Ouest, le peuple Touareg a été marginalisé et exclu du processus de découpage territorial et de formation des Etats.
A la veille de la décolonisation, la puissance coloniale n’a pas restitué au peuple Touareg son territoire malgré la demande des chefs de confédérations. C’est ainsi que les Kel Tamasheks (les Touareg) se sont retrouvés repartis entre cinq Etats.
De ce fait ils n’ont plus de voix et ont perdu le droit à disposer d’eux même.
Plusieurs rebellions ont ponctué l’histoire des Touaregs depuis l’occupation de leur territoire, la désorganisation de leur société et leur marginalisation.
Des conflits ont éclaté au Mali en mai 2006 et au Niger en février 2007 entre des mouvements de rebellions et les autorités de ces Etats. Ces conflits internes reposent à nouveau dans ces pays la question fondamentale de l’aspiration des peuples à plus de justice et de leur participation effective à la vie nationale.
Outre les aspects de politique intérieure et de justice qui ne seront pas développés devant cette instance, le Niger a lancé un programme intensif d’exploitation et d’exploration d’uranium en pays touareg sans consultation préalable des populations autochtones.
Apres la colonisation, reconnue pour avoir été une véritable machine économique, qui a déchiqueté leur territoire, les Touareg ont aujourd’hui à subir les effets de la mondialisation.
Nous pensons que ce processus va conduire cette fois-ci à la disparition d’un mode de vie ancestral adapté à l’environnement, à la perte de compétences, d’une pensée et d’une démarche intellectuelle spécifiques aux peuples nomades, d’une représentation d’un univers dynamique équilibré oscillant entre le connu et l’inconnu ; et cela, parce qu’un certain nombre de sociétés industrialisées et émergentes recherchent la durabilité de leur appétit de consommation, la conservation de leur mode de vie ou souhaiteraient atteindre un niveau de développement par application d’un modèle aujourd’hui controversé.
Ce processus est accentué par l’état de mise en garde décrété par le Niger sur une partie du pays touareg.
Depuis un an, l’armée s’en prend aux populations civiles par des exactions, des crimes, des arrestations et emprisonnements arbitraires. Il y a eu au moins 60 morts civiles touarègues depuis le début des conflits. 77 prisonniers civils touaregs et un journaliste sont arbitrairement détenus, les premiers depuis aout 2007.
Du cheptel, patrimoine des peuples nomades, est décimé, des villages sont saccagés et brulés.
Au Mali, les affrontements entre rébellion et armée régulière dans la Région de Kidal ont provoqué des réactions de vengeance ayant conduit à des massacres : l’armée a exécuté sauvagement un de ses soldats touareg ; un citoyen touareg a été exécuté de la même façon entrainant ainsi la crainte de répressions collectives de population touarègues de ‘‘teint clair’’. La majorité de la population de Kidal, essentiellement femmes et enfants, ont fui dans le désert, sans provision. Certains ont regagnes les frontières voisines à pied.
Ces répressions amènent les populations touarègues à se refugier à l’extérieur de leur pays d’origine.
Madame La Présidente,
Considérant le processus international de promotion de protection des peuples autochtones, la déclaration des droits des Peuples Autochtones, la convention 169 de l’OIT, le rapport de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et Peuples en Afrique sur les droits des Peuples Autochtones et Minorités et face à une situation qui s’aggrave tous les jours sur le terrain, nous demandons de toute urgence à la communauté internationale, aux agences des Nations Unies et aux organisations internationales de mesurer la gravité de la situation que vivent les populations autochtones touarègues au Mali et au Niger et de faciliter la promotion d’une paix durable basée sur le respect des droits des peuples autochtones.
Nous appelons à :
- L’arrêt des crimes, exactions, emprisonnements et de la mise en garde
- La libération des prisonniers d’opinion
- Une trêve
- L’arrêt et l’annulation de toutes les ventes de permis d’exploitation et d’exploration au Nord du Niger
Nous demandons :
- La mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur les crimes
- Le jugement des auteurs de crimes devant une cour internationale
- La réparation de tous les préjudices
- La tenue d’un forum international sur les conflits au Nord Niger et Mali, s’appuyant sur la déclaration des Nations Unies pour les droits des Peuples Autochtones et avec la participation des organisations autochtones.
Nous associons à notre appel le cas du peuple pastoral Parakuiyo de Tanzanie qui subit également plusieurs tentatives d’évictions, dont la dernière a entraine la perte de 320 000 animaux.
Le Président de l’Internationale Touarègue
Les frontières politiques actuelles, héritées de la colonisation, ont artificiellement découpé le territoire touareg en plusieurs parties intégrées à cinq pays différents : l’Algérie, le Niger, le Mali, la Libye et le Burkina Faso. Le pays touareg se définit par une communauté culturelle qui noue ses liens identitaires autour d’une langue, et sur la base d’une organisation familiale, sociale et politique.
jeudi 26 mars 2009
Déclaration de l'Internationale Touarègue à l'assemblée des Nations Unies (Forum des Peuples autochtones)
Publié par mouvement de la jeunesse touaregue pour la justice et le developpement à 22:29
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